Tous les marronniers ne se valent pas
Monthodon (France) -- Tous les "marronniers" ne se valent pas.
Parmi ces sujets qui reviennent régulièrement, et qu’un journaliste se doit de couvrir avec la même régularité, il y a celui des moissons.
Il me tient à cœur parce qu’au fond il s’agit d‘une chose importante, nourrir les hommes .
J’ai couvert les moissons l’an dernier. Le sujet est incontournable et important, parce qu'il indissociable de celui de l'alimentation.
Ce qui m’intéresse, c’est son côté humain. Il est de moins en moins visible, avec la mécanisation et l’industrialisation. Les moyens techniques déployés sont importants, et avec ces machines on ne voit plus l’humain. On a tendance à oublier que pourtant, derrière tout çà il y a un homme qui travaille pour nourrir les autres hommes.
Bien entendu j’aimerai bien photographier l’agriculture à l’ancienne, mais elle n’existe plus vraiment. Elle est industrielle et c’est sur les machines que je dois me concentrer.
Si les sujets reviennent toujours, c’est le propre du « marronnier », j’ai à cœur de renouveler mon traitement du sujet. Je n’arrive pas à me répéter, ce qui m’oblige à réfléchir et travailler pour sortir quelque chose de différent. Cette année je me suis appliqué sur la photo aérienne, alors que l’an dernier j’ai travaillé au sol.
J’ai fait la connaissance d’un agriculteur qui m’autorise à travailler sur son exploitation, à Monthodon, dans l’Indre et Loire, à la limite du Loir et Cher. C’est un monsieur assez passionnant et passionné. Il est à la retraite mais les enfants ont repris l’exploitation.
Le monde de l’agriculture, moderne ou pas, vit au rythme des saisons, des moissons et de la nature. Ce n’est pas une image. En ce moment, ils ont les yeux rivés sur la météo. Le taux d’humidité est essentiel pour le blé et le colza. Ils doivent récolter la céréale dans une fourchette bien précise, pour qu’elle soit acceptée par le négociant ou la coopérative.
La décision de moissonner se prend au dernier moment, donc il y a un peu de chance pour tomber dessus. Coup de bol, quand j’ai appelé ça démarrait le lendemain.
Je suis arrivé sur place à midi, et reparti à minuit, une fois la moisson terminée. Il y a beaucoup d’attente sur place. Pour avoir la bonne lumière, le bon timing, et les éléments qu’on souhaite dans le cadre, comme deux moissonneuses qui travaillent de concert. J’avais une photo en tête, avec prise de vue aérienne, le soleil qui se couche, les champs orangés et la moissonneuse de profil avec la poussière.
Comme c’est la récolte de colza, la presse locale n’en parle pas vraiment. Parce que le colza ça ne dit pas grand-chose au lecteur. Mais ça changera quand la récolte de blé va démarrer dans les jours qui viennent.
Il y a une photo de lièvre. Elle paraît un peu incongrue. J’ai commencé par la photo animalière. Et quand vient la moisson, les animaux sortent des champs avant que la machine ne fauche tout. Quand je suis arrivé pour mon reportage, je suis tombé sur deux chevreuils, qui ont filé avant de finalement revenir non loin… la nature reprend toujours ses droits.
Ce billet de blog a été écrit avec Pierre Célérier à Paris.