Une pousse de magie

Lin'an (Chine) -- J’aime beaucoup la forêt de bambou de Lin’an. On s’y retrouve plongé dans un véritable décor de film : "Le secret des poignards volants".

(AFP / Johannes Eisele)

J’ai découvert l’endroit il y a un an, en me rendant avec un ami à un site d’escalade assez peu connu, qui se trouve dans cette forêt, à environ quatre heures de route à l’ouest de Shanghaï.

Nous avons eu la chance de nous retrouver seuls sur place, sans autres grimpeurs. Comme cachés dans la forêt. C’était magique.

Quand j’ai appris que la saison de la récolte de bambou avait commencé, je suis revenu avec mes appareils.

Avec un stagiaire de l’agence, Wu Yiwei, nous sommes partis tôt un matin pour le village de Taihuyuan, où se trouve le marché des pousses de bambou, près de la ville de Lin’an. L'occasion de questionner les habitants pour trouver les meilleurs endroits et moment pour photographier la récolte.

(AFP / Johannes Eisele)
(AFP / Johannes Eisele)

 

Nous étions déjà en retard, en fait.  La récolte s’effectue au lever du soleil. Nous en avons profité pour nous rendre dans une localité voisine, où l'on prépare et sèche la récolte. C’est un endroit très calme. Les ouvriers placent les pousses sur de grands plateaux de bois qui sont ensuite glissés dans un four.

La plante est un ingrédient courant de la gastronomie chinoise. On l'accommode en soupe, revenue avec de la viande ou des légumes, ou grignotée comme un apéritif. On estime que les forêts de Lin’an fournissent les deux-tiers de la consommation nationale de cet aliment. Ce qui explique que la saison de la récolte, qui s’étend sur quelques mois, soit une grosse affaire ici.

(AFP / Johannes Eisele)
(AFP / Johannes Eisele)

 

Le matin suivant nous avons pu photographier les fermiers se rendant en forêt, chacun munis d’une longue tige de fer pointue à un bout et courbée à l’autre pour assurer une bonne prise en main. Elle sert à extirper les pousses de bambou du sol, en les sectionnant à même la racine de la plante.

J’ai suivi un fermier à son endroit de prédilection, et appris à cette occasion que chaque famille se voit attribuée une partie de la forêt pour la récolte. Le fermier que j’ai suivi a son lopin juste à côté des tombes de ses ancêtres.

(AFP / Johannes Eisele)

Avant ce voyage je craignais que photographier une récolte ne se révèle plutôt difficile.

(AFP / Johannes Eisele)

C’était sans compter sur l’hospitalité et la bienveillance des fermiers. La plupart étaient d’un accès facile, et poursuivaient leur travail pendant que j’effectuais le mien.

Une vieille femme m’a même appris à couper les pousses de bambou. Bien entendu, certains n’ont pas souhaité se faire prendre en photo ou interviewer, mais ils se sont tous révélés aimables et accueillants.

(AFP / Johannes Eisele)

Un fermier, Xu Weifu, m’a même offert cinq kilos de pousses. Je me suis essayé à leur cuisson une fois rentré à la maison. Délicieux.

Ce blog a été écrit avec Yana Dlugy à Paris.

(AFP / Johannes Eisele)

 

Johannes Eisele