« Dans le no man' s land entouré de champs à perte de vue, le flux des réfugiés semble intarissable », écrit la journaliste de l'AFP Sonia Bakaric depuis la frontière hongro-serbe. « De jour comme de nuit, des milliers de femmes arrivant de la Serbie toute proche avancent avec peine, les pieds gonflés dans des chaussures masculines trop grandes pour elles ; des milliers d’hommes à bout de forces portent sur leurs épaules courbées des milliers d’enfants tout aussi exténués, hagards, comme désarticulés. »
« Après une interminable marche pour fuir la guerre et la misère, les voici confrontés à un monde diamétralement opposé à leurs espoirs : la Hongrie du nationaliste Viktor Orbán. Pour l’heure, la plupart des nouveaux arrivants - des Syriens, des Irakiens, des Afghans ayant déjà des milliers de kilomètres dans les jambes - ont encore la force de sourire, de nous saluer avec bienveillance. Ils n’ont encore aucune idée des épreuves qui les attendent dans ce pays indifférent à leurs souffrances et qui, dépassé par la crise migratoire, vient de boucler sa frontière avec la Serbie avec une clôture de barbelés tranchants érigée par des prisonniers. »
« Un nouveau mur érigé au cœur de l’Europe par ce même pays qui, il y a vingt-six ans, avait ouvert la première brèche dans le Rideau de fer et précipité l’effondrement du communisme en permettant à des milliers d’Allemands de l’Est de fuir vers l’Ouest...»