La tombe du roi Abdallah d'Arabie saoudite au cimetière Al-Oud de Riyadh, le 23 janvier 2015 (AFP / Mohammed Mashhur)

Tombe sans nom pour un roi milliardaire

RIYADH, 27 janvier 2015 – L’austérité dans laquelle se sont déroulées le 23 janvier les funérailles du roi Abdallah d’Arabie saoudite n’a pas manqué d’étonner à l’étranger. Voici un des monarques les plus riches du monde, avec une fortune estimée à vingt-et-un milliards de dollars il y a quelques années par le magazine Forbes, inhumé dans une tombe en terre battue sans la moindre épitaphe…

Après de très longues heures d’attente devant le cimetière Al-Oud, la police m’a enfin autorisé à entrer à l’intérieur. J’ai réussi à grimper sur un mur, et c’est de là que j’ai pris cette image des personnes en deuil entourant la tombe royale. Je n’étais pas le seul photographe sur place, mais il n’y a que moi qui ai eu l’idée de me placer en hauteur. Les autres ont préféré prendre leurs images depuis le sol.

Funérailles du roi à la mosquée Imam Turki Ben Abdullah de Riyadh (AFP)

J’ai voulu faire cette photo pour l’histoire, pour montrer au monde comment on enterre un roi en Arabie saoudite, sans distinction particulière, au milieu des gens riches et des gens pauvres. Pendant que je prenais mes images, j’entendais les gens prier pour le défunt, gardien des lieux saints de l’Islam, et supplier Allah d’avoir pitié de lui. L’atmosphère était triste et pieuse.

Ces funérailles d’une extrême simplicité sont la norme dans le royaume, pour les souverains comme pour le commun des mortels. Le corps du défunt enveloppé dans un linceul est transporté sur une simple civière par ses proches et, après les prières funèbres à la mosquée, enterré à même le sol dans une tombe sans nom, tournée vers La Mecque et marquée d’une simple pierre grise de la taille d’un livre.

(AFP / Mohammed Mashhur)

C'est la façon d’enterrer les gens préconisée par le Wahabbisme, une doctrine prêchée au 18ème siècle par Mohammed bin Abdul Wahhab, juriste de l’école Hanbali, la plus conservatrice et la plus austère des quatre écoles de jurisprudence sunnites. Les rites funéraires, selon cette école, doivent être les plus simples possibles et le deuil doit rester discret, même si l’émotion est admise.

Mohammed Mashhur est un collaborateur de l’AFP en Arabie saoudite.

(AFP / Mohammed Mashhur)