Mémoires de campagne

Paris - Pour un photographe, couvrir une campagne présidentielle signifie suivre un candidat des mois durant, l’accompagner jour après jour dans ses déplacements, et chercher à saisir ces moments-clé, ces instants qui raconteront des mois de meetings et de rencontres avec les Français.

C’est en observant de près le candidat, en partageant ses tournées et leurs à-côtés, qu'il va apprendre à le connaître et se faire accepter de son entourage. Certains sont de "bons clients", comme nous disons dans le jargon journalistique, car leurs expressions, leur gestuelle, donnent des images vivantes et dynamiques. D’autres sont plus discrets, voire carrément statiques.

Il arrive aussi parfois qu’une certaine complicité s’instaure entre le photographe et son modèle, l'espace d’un instant ou d’une séance de prises de vue. Ou que d'excellents clichés perdent un intérêt immédiat au gré de la conjoncture. 

En remontant l’histoire des élections présidentielles depuis le premier suffrage direct de 1965, j’ai rencontré des photographes de l’AFP qui se souviennent de moments étonnants, symboliques, révélateurs ou cocasses.

J’ai retrouvé dans nos archives des images qui montrent l’évolution de la communication des hommes politiques : il est bien loin le temps où le général De Gaulle s’en venait voter à Colombey-les-deux-Eglises, sans le moindre souci de faire prévenir les photographes, encore attablés au café du village à l’attendre.

Il est plus difficile aujourd’hui de trouver des angles et des accès offrant des images inattendues. Malgré cela, et aujourd'hui encore, les photos de candidats qui restent dans la mémoire collective des Français ne sont pas forcément celles imaginées par les services de communication.

 

Laurent Kalfala