Xian, province de Shaanxi (Chine) -- Le Nouvel an lunaire est un événement très important en Chine. Une semaine avant la date et les vacances qui l’accompagnent, se déroule la plus grande migration humaine sur terre. Des centaines de millions de Chinois rentrent dans leurs villes ou villages d’origine pour passer les fêtes en famille.
C’est là que l’on peut mesurer, dans ce pays de 1,3 milliard d’âmes, l’importance que revêt la famille dans la société chinoise. Sa place y est beaucoup plus grande, je crois, que celle qu’elle occupe dans les pays occidentaux.
On brûle de l'encens pour fêter le Nouvel an lunaire au temple Longhua à Shanghaï, le 15 février 2018. (AFP/ Johannes Eisele)
On compare souvent le Nouvel an lunaire des Chinois à notre Noël. Mais cette dernière fête n’occupe qu’une journée et une soirée. Alors que le Nouvel an est une célébration d’une tout autre ampleur, sur une semaine, avec un tourbillon de repas, de réunions familiales, de feux d’artifice et de foires.
Les prémices de la fête apparaissent environ un mois avant, quand les lanternes à la forme si typique font leur apparition dans les rues, les centres commerciaux et derrière les vitres des habitations.
Un ouvrier porte des lanternes fabriquées spécialement pour le Nouvel an, dans une fabrique du village de Tuntou, province d'Hebei, au sud-ouest de Pékin, le 11 janvier 2018. (AFP / Fred Dufour)
Dans la fabrique de lanternes, à Tuntou, 11 janvier 2018. (AFP / Fred Dufour)
Ensuite ce sont les gares, d’ordinaire plutôt bondées, qui s’animent encore un peu plus. L’atmosphère générale s’en ressent. Et dans la dernière semaine avant la grande transhumance ça devient dingue.
Dans la gare de l'Ouest à Pékin, 10 février 2018.
(AFP / Fred Dufour)
C’est la première année où j’ai eu la chance de couvrir l’évènement en dehors de la capitale. J’ai pris un train pour Chengdu, capitale de la province du Sichuan, dans le centre-ouest. Il était si plein de monde que dans mon wagon des dizaines de personnes ont dû faire le trajet debout. Ça dure 26 heures. Le plus étonnant, c’est que l’atmosphère reste détendue et amicale. Pour moi qui vient d’un pays où l’on râle pour un oui ou pour un non, le contraste est assez saisissant.
Dans le train qui relie Pékin à Chengdu, un trajet de 26 heures, le 10 février 2018. (AFP / Fred Dufour)
Les gens étaient très polis. Pour atteindre les toilettes, il fallait traverser une véritable haie de voyageurs, qui vous laissaient passer en soupirant à peine. Ce serait impensable où que ce soit en Europe.
Le point fort des célébrations a lieu à la veille du Nouvel an. On a l’impression que la Chine entière s’est mise à allumer des pétards et des feux d’artifice. Ca commence vers 6 ou 7 heures du soir, et ça dure jusqu’au petit matin, avec tous les habitants dans la rue, adultes, enfants et personnes âgées. C’est un moment très spécial, où tout le monde a l’air de partager la même joie.
Un rite de mariage exécuté pendant le festival de She Huo, à l'occasion du Nouvel an lunaire, à Hancheng, province de Shaanxi, le 16 février 2018. (AFP / Fred Dufour)
Pour un photographe, c’est une mission rêvée, et pas seulement parce que les feux d’artifice sont très visuels, mais aussi parce qu’à la différence de l’Occident, où leur utilisation est très encadrée, il y en a ici une grande quantité. Un photographe n’a que l’embarras du choix.
Allumage de feux d'artifice, et de pétards, censés chasser les mauvais esprits, à Hancheng, province de Shaanxi, le 16 février 2018. (AFP / Fred Dufour)
Cela étant, il se trouve que cette année est un peu différente des précédentes, parce que les autorités ont interdit d’en tenir dans les grandes villes, pour des raisons… de sécurité.
Un labyrinthe, vu du ciel, dans le Parc du paradis Tang, à Xian, province de Shaanxi, le 14 février 2018. (AFP / Fred Dufour)
En attendant ce grand moment, on passe son temps à manger, aller à la foire, manger, rendre visite à la famille, manger, faire un tour de manège, manger, assister à un spectacle traditionnel, manger, passer chez l’astrologue, et puis manger encore.
Vendeur de feux d'artifice dans la banlieue de Pékin. Les autorités ont interdit leur utilisation dans le centre des villes pour éviter les accidents. 13 février 2018. (AFP / Greg Baker)
Cette année sera celle du chien. La tradition veut que ceux qui portent le même signe que celui du Nouvel an se méfient de ce qu'il leur réserve. Une fois la fête passée, tout le monde retourne à son existence de labeur et le compte à rebours peut reprendre pour une année.
Pendant les fêtes du Nouvel an, à Hancheng, province du Shaanxi, 16 février 2018. (AFP / Fred Dufour)