Une usine à Seclin, dans le Nord de la France, en février 2012 (AFP / Philippe Huguen)

Climat: le rêve est-il trop beau ?

PARIS, 21 décembre 2015 – La nuit dernière, dans un rêve, je me suis retrouvé immergé dans le brouillon de l’accord de Paris sur le climat peu avant qu’il ne soit adopté par les 195 pays négociateurs. J’ai parcouru frénétiquement les trente-deux pages de ce document truffé de jargon, à la recherche de la mesure-miracle qui assurerait la victoire de l’humanité dans sa lutte contre le réchauffement climatique. Juste au moment où je pensais l’avoir trouvé, je me suis réveillé en sursaut.

Je ne serais pas surpris d’apprendre que la plupart de journalistes, des analystes, des activistes et même des négociateurs embarqués dans la saga du changement climatique ont fait le même rêve ces derniers jours. Pendant ces six ans de tractations byzantines (vingt-trois ans, si on fait démarrer le compteur au Sommet de la Terre à Rio), les pas en avant ont été aussi nombreux que les reculades et les tergiversations. Et puis soudain, voilà un accord universel sur le climat qui nous tombe du ciel. Alors,beaucoup d’entre nous se demandent si les choses ont vraiment changé…

La réponse est oui, je pense.

Des journalistes lisent l'accord de Paris sur le climat après son adoption à la fin de la COP21, le 12 décembre 2015 (AFP / Miguel Medina)

Les médias ont fait leurs gros titres sur un accord « historique », « capital », dont les quelque 3.000 journalistes qui ont suivi le marathon de treize jours de négociations au Bourget ont depuis longtemps décrypté les principaux points. Les voici pour le cas où vous n’auriez pas tout suivi :

  • - Pour la première fois, presque tous les pays du monde – des les exportateurs de pétrole aux économies post-industrielles, en passant par les géants émergents et les pays les moins avancés – se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Même la Corée du Nord a signé, et s’est engagée à « déclarer la guerre » à la déforestation.

  • - L’harmonieuse famille des nations avait déjà décidé, en 2010, de limiter à +2°C l’augmentation de la température moyenne mondiale par rapport à l’époque préindustrielle. A Paris, son ambition a été encore plus grande : une hausse « bien en deçà de deux degrés », doublée d’une promesse de « poursuivre les efforts » pour contenir ladite hausse à 1,5 degré.

  • - Les promesses nationales de réduction des émissions ne sont pas suffisantes, lorsqu’on les additionne les unes aux autres, pour atteindre l’objectif fixé. Les signataires de l’accord ont donc promis de réviser leurs engagements tous les cinq ans. L’espoir, c’est que les nouvelles technologies et les incitations financières qui accompagnent leur mise en place encourageront tout le monde à accélérer la transition de l’énergie sale vers l’énergie propre.

  • - L’accord de Paris institue des mécanismes qui permettront de s’assurer que chaque pays respectera ses engagements. Il n’y a pas de pénalité en cas de non-respect, mais chacun verra ses progrès mesurés selon une échelle commune. Et ceux qui rechigneront à adhérer seront montrés du doigt.

  • - Le nouvel accord donne pour la première fois des détails sur une promesse – faite lors du chaotique sommet de Copenhague sur le climat en 2009 – visant à débloquer au moins 100 milliards de dollars chaque année pour les pays en développement à partir de 2020. Avec deux améliorations obtenues de haute lutte, même si elles ne figurent pas dans la partie de l’accord dite « juridiquement contraignante » : d’abord, cette somme sera révisée chaque année à la hausse. Ensuite, environ la moitié de l’argent sera utilisé pour aider les pays pauvres à affronter les conséquences des changements climatiques déjà inéluctables.

« La victoire a cent pères, mais la défaite est orpheline », avait dit John Fitzgerald Kennedy. La France, les Etats-Unis et la Chine se sont donc aussitôt attribués le succès de la COP21, de même que l’écologiste Bill McKibben au nom des millions d’activistes pour l’environnement de par le monde. L’Inde aurait aussi bien pu se joindre à eux, ne serait-ce que parce qu’elle s’est abstenue de bloquer l’accord en dominant toutes ses appréhensions.

Soif d'explications

Une petite partie du succès devrait également revenir aux experts des think-tanks ou des organisations non-gouvernementales. Tout journaliste qui affirme ne jamais s’appuyer sur leurs connaissances et leurs analyses pour écrire ses papiers est un menteur. Pendant le laps de temps angoissant qui sépare la publication du projet d’accord final et la réunion plénière des 195 ministres qui doit l’entériner ou l’enterrer, tous les journalistes sont mus par une terrible soif de réactions et d’explications. Car à ce stade, nous ne savons pas encore si la conférence va être un succès ou un échec.

Des délégués à la COP21 lisent l'accord final sur le climat, le 12 décembre (AFP / Miguel Medina)

C’est pendant cette traversée des limbes, qui dure environ deux heures, que je fais une des deux rencontres grâce auxquelles je réussirai à me forger une opinion sur cet événement extraordinaire.

Alden Meyer, de l’organisation américaine Union of Concerned Scientists, un groupe de pression né du mouvement de désarmement nucléaire des années 1970, fait son apparition dans le box étroit et maculé de taches de café que j’occupe depuis le début de la COP21 avec une vingtaine d’autres journalistes de l’AFP. Alden a assisté à toutes les conférences annuelles de l’ONU sur l’environnement depuis la première COP, en 1995, de même qu’à un nombre phénoménal de réunions techniques. Il est, depuis longtemps, LA personne vers laquelle nous nous tournons quand nous avons besoin d’un éclairage rapide ou d’une analyse pertinente. Je lui ai parlé de nombreuses fois au cours des huit dernières années.

Le soulagement de Sisyphe

Dès que je vois son visage, je comprends que l’accord de Paris va être adopté. Bien sûr, il ne dit rien. Comme d’habitude, ses propos sont mesurés. « C’est plutôt bien parti », se contente-t-il de lâcher avec prudence alors que nous le bombardons de questions. Mais il est trahi par l’expression radieuse de son visage, un mélange d’excitation, de satisfaction et de soulagement que je n’avais jamais encore vu chez lui. Je pense que c’est l’expression qu’aurait pris Sisyphe s’il avait appris qu’il pouvait enfin arrêter de rouler son rocher vers le haut de la colline. Je sais qu'Alden, qui a enduré plus d'une décennie de revers et d'impasses en tout genre, n'est pas quelqu'un qui se déclare facilement satisfait. Et je me dis que s'il est content, lors c’est que j'ai de sérieuses raisons de me réjouir moi aussi.

A ce moment-là, ma collègue Mariette Le Roux fait irruption comme une fusée. « J’ai le LMDC qui dit officiellement qu’ils sont d’accord ! » annonce-t-elle à toute vitesse.

Le LMDC (pour « Like-Minded Developing Countries »), c’est une coalition de vingt-quatre pays participant aux négociations de la COP. On retrouve au sein de cette coalition tous les Etats tentés de torpiller un accord mondial sur le climat et notamment l’Inde, la Chine et l’Arabie saoudite. « Eh bien alors, c’est que l’accord est conclu », réagit calmement Alden, avant de tourner les talons.

Comme vous l’aurez remarqué, le titre de mon article suggère que je me range plutôt dans le camp des pessimistes, et je vais maintenant vous expliquer pourquoi.

Pendant la COP21 au Bourget, le 10 décembre (AFP / Miguel Medina)

Il me faut d’abord formuler une évidence: l’accord de Paris est une réelle avancée politique et diplomatique. Une de ses plus grandes vertus est, comme l’a dit le secrétaire d’Etat américain John Kerry, de « restaurer la foi de la communauté internationale dans ses capacités à réaliser de grandes choses de façon multilatérale », une confiance qui s’était fortement érodée après la débâcle de Copenhague. Plus fondamentalement, il maintient en vie l’espoir que l’humanité sera capable de relever un défi existentiel : celui qui consiste à remplacer, en l’espace de quelques décennies, le moteur qui fait tourner la civilisation.

Mais ce qui se passe ce 13 décembre au Bourget n’est qu’un premier pas, une lettre collective d’intentions. Le moment difficile, celui de l’action, est encore devant nous. C’est assez simple, en fait : soit nous trouvons un moyen de ne pas dépasser notre budget carbone – la quantité fixe d’émissions de CO2 que nous pouvons émettre dans l’atmosphère sans dépasser l’objectif des +2°C (sans parler des +1,5°C) – soit nous nous souviendrons de l’accord de Paris comme de celui qui est arrivé vingt ans trop tard.

Le ministre français des Affaires étrangères et président de la COP21, Laurent Fabius, et le président français François Hollande annoncent officiellement l'adoption de l'accord de Paris sur le climat, le 12 décembre (AFP / François Guillot)

Pendant des mois, la France a saisi toutes les occasions possibles pour comparer sa bonne organisation de la COP21 au mauvais sommet de Copenhague de 2009. Même à l’heure de savourer le succès, quand le chef de la diplomatie française Laurent Fabius abat avec émotion son maillet sur le pupitre du centre de conférences du Bourget pour déclarer l’accord adopté, lui et le président François Hollande continuent à retourner le couteau dans la plaie.

Ce n’est non seulement pas très diplomatique, mais c’est aussi assez injuste. Oui, les résultats de Copenhague avaient été affreusement décevants. Mais la conférence dans la capitale danoise avait tout de même accouché des deux éléments majeurs sur lesquels se fonde l’accord de Paris : l’objectif de +2°C et la promesse des cent milliards de dollars.

Peur collective

La différence la plus significative entre 2009 et 2015, c’est peut-être la prise de conscience planétaire : tout le monde est désormais d’accord pour dire que le changement climatique est un danger réel et immédiat, et que la situation va salement s’aggraver si nous ne trouvons pas tout de suite les bons remèdes. Et même maintenant, nous comptons encore beaucoup trop sur la nature pour qu’elle s’abstienne de contrecarrer nos misérables efforts. Au final, c’est peut-être ça le principal facteur qui a permis l’adoption de l’accord de Paris : la peur collective.

Dans tous les cas, comme beaucoup l’ont déjà dit, il est encore bien trop tôt pour crier victoire.

Déclaration de guerre

Pour commencer, même si on a assisté à un recul de ceux qui ont un puissant intérêt particulier à faire capoter un accord sur le climat, il s’agit peut-être tout simplement d’un repli tactique. Qui va croire que les pays exportateurs de pétrole, l’industrie des énergies fossiles qui pèse cinq mille milliards de dollars et les cohortes de politiciens à son service vont tirer leur révérence du jour au lendemain sans rien dire ? « Le mouvement pour le climat est en marche et prend de la vitesse, de sorte que le secteur des énergies fossiles passera les prochaines années et décennies sous les projecteurs pour toutes les mauvaises raisons possibles », écrit après la COP21 Brian Ricketts, le secrétaire général de l’Association européenne du charbon et de la lignite, dans une lettre aux membres de son organisation. « Cette position n’est pas tenable, et l’industrie ne doit plus se laisser faire ». Une déclaration de guerre.

Une odeur de pétrole plane d’ailleurs sur l’accord de Paris lui-même, moins à cause des mots qu’il contient qu’à cause de ceux qu’il omet.

Un autobus diésel à Jakarta, en 2009 (AFP / Romeo Gacad)

Les énergies fossiles sont, et de très loin, la cause numéro un du réchauffement climatique. Si l’on veut conserver la moindre chance d’éviter la catastrophe, plus de 80% des réserves connues de pétrole, de charbon et de gaz doivent rester pour l’éternité là où elles se trouvent actuellement : sous terre. Et pourtant, les mots « énergies fossiles » n’apparaissent pas une seule fois dans les 32 pages de l’accord. Idem pour « dioxyde de carbone » ou « CO2 ». Aucune mention non plus d’une éventuelle taxe carbone, ou de la suppression des 500 milliards de dollars de subventions versés chaque année aux énergies fossiles.

Du climato-scepticisme à la géo-ingénierie

Et maintenant, quelques prédictions téméraires :

Première prédiction: Bientôt, le terme « dépassement » deviendra courant dans le vocabulaire climatique. Les scientifiques, puis les diplomates, commenceront à reconnaître que nous ne pourrons en aucun cas éviter de dépasser l’objectif de +1,5°C, voire même les +2°C. Si vous les regardez droit dans les yeux, la plupart des climatologues vous l’avoueront : rester sous la barre des +1,5°C est une utopie.

Deuxième prédiction: les « climatosceptiques » d’hier deviendront les plus fervents avocats de la réorganisation du système climatique terrestre au moyen de la technologie, une approche que l’on désigne souvent par le terme de géo-ingénierie. Cela peut consister à injecter des milliards de tonnes de particules de sulfate dans l’atmosphère pour faire de l’ombre, ou à construire des machines qui aspireront directement le CO2 dans l’air. Ces individus reconnaîtront le problème, mais ils diront qu’il est trop tard pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et que de toutes façons, c’est inutile. Conservons notre juteux gâteau pétrolier bien noirci, plaideront-ils.

Une centrale thermique à Sofia, en février 2013 (AFP / Dimitar Dilkoff)

Mais la réaction la plus puissante, bien sûr, viendra de la planète elle-même. « Il y a 195 parties présentes à la COP21, 196 en comptant l’Union européenne », explique Jean-Pascal van Ypersele, un climatologue belge qui était jusqu’à cette année le vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). « Mais il y a une partie qui n’est pas représentée : la nature. C’est une partie avec laquelle personne ne peut négocier ».

Arrêt total de l'addiction au CO2

Des centaines de scientifiques sont présents à la COP. Beaucoup d’entre eux ont passé leur temps à tirer la sonnette d’alarme au fur et à mesure que l’accord se profilait. S’ils applaudissent l’objectif ambitieux de maintenir le réchauffement climatique « bien en deçà » des +2°C, ils dénoncent aussi l’absence de tout plan détaillé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Faites le calcul, disent-ils. Pour conserver deux chances sur trois de limiter le réchauffement climatique à +2°C, les émissions doivent chuter de 40 à 70% avant 2050. Pour atteindre le but des +1,5°C, les objectifs pour le milieu du siècle doivent être beaucoup plus ambitieux : les émissions doivent être réduites de 70 à 95%. Un projet incroyablement difficile à réaliser, qui passe par l’arrêt total de l’addiction de l’économie mondiale au CO2 en l’espace de trois ou quatre décennies.

Des enfants participent à une action en faveur de l'énergie propre pendant la COP21, le 11 décembre au Bourget (AFP / Thomas Samson)

Ces étapes figuraient noir sur blanc dans un des premiers projets d’accord discutés au Bourget. Mais elles ont disparu du texte final. Et pourtant, sans elles, l’accord de Paris « n’envoie aucun signal clair sur le niveau et le calendrier des réductions d’émissions », prévient Steffen Kallbekken, le directeur du Centre for International Climate and Energy Policy. Kallbekken estime – et il n’est pas le seul – que se montrer plus ambitieux quant à l’objectif de température d’une part, et supprimer toutes les indications permettant de nous guider vers l’accomplissement de cet objectif d’autre part, est une excellente recette pour un échec fracassant.

La veille de l’adoption de l’accord, Kallbekken et quatre autres climatologues reconnus tiennent une conférence de presse dans une salle bondée pour commenter une des dernières moutures du texte en discussion. « En l’état, le texte est encore plus faible que celui qui a été adopté à Copenhague. Il n’est pas cohérent avec la science », assène l’un d’entre eux, Kevin Anderson, le directeur adjoint du Tyndall Centre for Climate Change Research de Manchester. Les centaines de journalistes présents écarquillent les yeux. Les passages du texte que critique Anderson demeureront inchangés dans l’accord final.

 

Ce qui m’amène à la deuxième rencontre grâce à laquelle j’ai pu forger mon jugement sur l’accord conclu au terme de la COP21.

Deux heures après la conférence de presse dont je viens de parler, je tombe sur mon ami Clive Hamilton, un philosophe australien qui a écrit de nombreux ouvrages sur le sujet parmi lesquels Requiem for a Species ("Requiem pour une espèce"), dans lequel il explique pourquoi les gens refusent d’entendre la vérité sur le changement climatique. Il est assis tout seul dans un coin, alors je vais le voir.

Tourbillon émotionnel

« Je suis en plein tourbillon émotionnel », me confie Clive. Et je constate qu’il ne plaisante pas. Dix jours de COP21 ont réveillé en lui une flamme qu’il croyait depuis longtemps éteinte, à savoir l’espoir que l’humanité se réveillera à temps pour stopper le réchauffement climatique (ce qui, venant d’un homme qui dans ses livres donne déjà l’espèce humaine pour éteinte, est vraiment quelque chose). Et puis, poursuit-il, il a écouté ce que viennent de dire les scientifiques, et tout cela lui est soudainement apparu comme une chimère. Moi aussi, j’ai été tour à tour emporté par les vents contradictoires de l’espoir et du désespoir. Nous comparons nos notes, et il part écrire un billet de blog.

Un cycliste porte un masque un jour de forte pollution à Pékin, le 9 décembre 2015 (AFP / Greg Baker)

Entre Copenhague et Paris, le centre de gravité du débat sur le climat est passé du problème à la solution. L’humanité a mis tellement de temps à effectuer cette transition que le chemin vers le salut s’est réduit à une corde raide élimée. Certes, nous avons encore une petite chance de nous en tirer. Quelques projets très détaillés (comme par exemple l'initiative appelée Deep Decarbonization Pathways Project</em>) pourraient encore nous permettre de respecter l'objectif des +2°C. Et s'il n'existe aucun remède-miracle, l'instauration d'une taxe-carbone proche des sources d'émissions comme celle que préconisent de nombreux scientifiques, économistes et hommes d'affaires comme Elon Musk pourrait faire une grosse différence. Mais nous n’avons plus la moindre marge d’erreur.

Après treize jours et treize nuits à la COP21, je peux enfin traîner ma carcasse épuisée jusqu’à la maison, où je retrouve ma fille de quinze ans. Elle me demande comment tout s’est passé, mais je vois bien qu’elle n’est pas très intéressée par les détails. « Bien », dis-je. Et alors elle commence à me parler de ses vraies préoccupations, des nouvelles alliances et les nouvelles défections qui se sont déclarées la veille au sein de son groupe de copains, pendant une fête.

Et je me mets à penser que tout ceci est parfaitement normal. Les adolescents comme ma fille n’ont aucune raison de sentir que l’avenir du monde repose sur leurs épaules. C’est à nous de porter ce poids, pas à eux.

Marlowe Hood est un journaliste de l’AFP spécialisé dans l’environnement et basé à Paris. Suivez-le sur Twitter (@marlowehood). Ce texte a été traduit de l’anglais par Roland de Courson (@rdecourson).

Vous souhaitez intégrer cette infographie sur votre site ? Contactez-nous : interactive@afp.com

Marlowe Hood