Cet homme s'appelle...
Gaza, Territoires palestiniens -- Mahmud Hams, photographe AFP basé à Gaza, a été récompensé du 25è Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre pour cette photo d’un manifestant de la “Grande marche du retour” dans l’enclave palestinienne.
A 38 ans, Mahmud est déjà un témoin de longue date des confrontations avec l’armée israélienne, qu’il s’agisse de conflits déclarés ou de heurts comme en ce moment. Il raconte ici son travail.
Cet homme s’appelle Saber al-Ashqar, il a 29 ans.
Il vit à Gaza City et se rend tous les vendredi après-midi à la frontière Est de la ville, dans un endroit appelé Malaka.
Il y vient en bus. Des amis valides l’aident à y monter et à en descendre. Ils l’accompagnent sur les lieux de la manifestation.
Je le croise là-bas toutes les semaines.
Deux autres amputés des jambes venaient aussi manifester.
Ils ont été tués depuis. L’un venait de Khan Younès et l’autre de Gaza City.
C’est un endroit très dangereux. Plus dangereux à certains égards que quand il y a une attaque ou une incursion israélienne
Les manifestants se rendent chaque vendredi à la barrière séparant l’enclave palestinienne de Gaza du territoire d’Israël depuis la « Grande marche du retour » déclenchée le 30 mars. Elle vise d’abord à mettre fin au blocus de l’enclave par l’Etat hébreu.
Le nombre de manifestants se rendant à la barrière est allé fluctuant, pour enfler à nouveau récemment, comme le nombre de blessés et de morts. Ils sont le plus souvent atteints par des tirs à balles réelles.
Au 12 octobre 2018, l’AFP a compté au moins 204 Palestiniens tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars, la plupart lors des protestations le long de la frontière, et d'autres dans des frappes de chars ou de l'aviation israéliennes.
Les journalistes ne sont pas épargnés. Mohammed Abed, mon collègue de l’AFP, a été blessé à la jambe le 8 juin. Il est encore en convalescence et se remet doucement.
Nous arrivons sur place en voiture et puis nous rejoignons les manifestants. Nous portons des gilets pare-balles et des masques à gaz. La plupart des journalistes portent un brassard indiquant leur appartenance à la presse. Ce qui n’empêche pas plusieurs d’entre eux d’avoir été touchés.
Bien sûr que j’ai peur quand je travaille là-bas et que je vois le nombre de blessures. Celles aux jambes sont affreuses. En plus il y a une pénurie d’antibiotiques et d’autres médicaments dans l’enclave. C’est pour ça aussi que cette histoire est difficile à couvrir. L’endroit est très exposé, et le risque très grand.
Ce billet a été écrit avec Pierre Célérier à Paris.