Fin septembre, le directeur de l'AFP en Turquie Philippe Alfroy passe plusieurs jours à la frontière syrienne, à observer les combats qui, à quelques centaines de mètres, opposent les peshmergas à l'organisation Etat islamique pour la prise de Kobané, la troisième ville kurde de Syrie, et à interroger les civils qui fuient massivement l'avancée des jihadistes.
« Tous me débitent la même histoire », écrit-il. « Les égorgements, les viols, les villages détruits. Dans ce flot de paroles, je suis un peu noyé. Devant ces récits froids, presque cliniques, je m'interroge. Qui a vraiment vu quoi ? Lequel de ces témoins a aperçu le couteau d'un jihadiste en train de trancher une gorge ? Lequel d'entre eux se contente-t-il de relayer des histoires de seconde main ? Difficile à dire. »
« Les yeux dans les yeux, je ne m'accorde pas le droit de juger de la véracité de leur expérience. De ce qu'ils ont vu ou pas vu. Mais je peux témoigner de leur peur. Sans intermédiaire. »