"Parfois il faut attendre les premières lueurs de l’aube. Parfois les cadavres surgissent de bonne heure. Ce qui est certain, c’est que les policiers de service de nuit à Manille peuvent désormais affirmer sans exagérer qu’ils font l’horaire de la mort..."
Le président des Philippines Rodrigo Duterte doit largement son élection triomphale en mai 2016 à sa promesse de « nettoyer » les rues en liquidant des milliers de criminels. Ce programme électoral musclé s’appuyait sur son bilan dans la ville de Davao, dans le sud du pays, qu’il a gouverné pendant deux décennies en appliquant sa politique brutale de maintien de l’ordre. Il a été accusé d’avoir mis en place ou toléré des escadrons de la mort responsables du meurtre de plus de mille suspects.
Selon la police, 402 personnes soupçonnées d’infractions liées à la drogue ont été abattues en juillet dernier, et les organisations de défense des droits de l’homme affirment que des centaines d’autres ont été tuées par des vigiles privés. Des milliers de personnes ont par ailleurs été arrêtées, et promises à une détention interminable dans des prisons sordides et surpeuplées.