Bahreïn : l'Achoura esthétique
MANAMA, 10 novembre 2014 - Les célébrations de l’Achoura marquent de manière indéniable l’appartenance au chiisme. Les musulmans chiites du monde entier observent le deuil de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, assassiné au dixième jour du mois de Muharram.
Les célébrations sont connues pour les images sanglantes d’hommes, jeunes et moins jeunes, s’auto-flagellant ou se blessant volontairement avec des lames ou des couteaux jusqu’à ce que leur sang coule à flots et recouvre leurs visages et leurs vêtements blancs.
A Bahreïn, pays à majorité chiite, de telles célébrations existent encore mais, depuis 25 ans, elles diminuent en intensité pour laisser la place à des manifestations de deuil plus sobres. D’ailleurs, en tant que photographe, j’ai choisi de m’éloigner du cliché sanglant au profit d’images décalées, expressives et qui incarnent une certaine esthétique de la foi populaire.
A Bahreïn, le jour de l’Achoura est ponctué par des marches aux flambeaux, sur fond de chants de deuil et de campagnes de don du sang, et par diverses expressions artistiques, notamment la théâtralisation du meurtre de l’imam Hussein. La prédominance de la couleur noire dans les célébrations offre au photographe un potentiel unique. La photo permet de décrire ce grand tableau sur lequel se mélangent larmes, couleurs, identité, foi populaire et même politique.
Mohammed Al-Shaikh est un collaborateur de l'AFP basé à Manama. Il a été en octobre 2014 lauréat du 21ème prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre pour sa couverture photographique des troubles à Bahreïn.