Quatre lunes de sang
SANTA CRUZ DE TENERIFE (Espagne), 16 avril 2014 – Les astronomes appellent ça une « tétrade ». En Espagne, le phénomène est connu sous le nom de « cuatro lunas de sangre » (« quatre lunes de sang ») : c’est une série relativement rare de quatre éclipses de lune totales, intervenant à six mois d’intervalle, qui doit avoir lieu entre 2014 et 2015. La première de ces éclipses s’est déroulée le 15 avril. En Espagne, elle n’était visible que depuis l’archipel des Canaries, où je suis basée.
Il s’agissait pour moi de trouver le meilleur emplacement pour photographier le moment où la lune s’obscurcirait et acquerrait sa caractéristique couleur rouge. J’ai lu tout ce que j’ai pu trouver sur le sujet et j’ai consulté l’Institut astrophysique des Canaries pour savoir quand et où me positionner. Finalement, j’ai décidé de me rendre dans le Parc national du Teide, qui entoure le volcan du même nom sur l'île de Tenerife, point culminant de l’Espagne à 3.718 mètres. Là-bas, les conditions seraient optimales : je me trouverais au-dessus des nuages, la vue ne serait cachée par aucune montagne et le ciel serait parfaitement pur, sans pollution lumineuse.
L’éclipse devait avoir lieu entre 5h53 et 8h06 du matin, juste avant l’aube. Dès trois heures du matin, j’étais dans le Parc national. Je m’attendais à ce que beaucoup de gens viennent observer l’éclipse depuis ce lieu privilégié et il s’agissait de prendre de l’avance pour trouver le bon emplacement. Je me suis postée dans un belvédère situé à 1.920 mètres d’altitude. C’est de là que j’ai assisté à ces moments magiques : la lune qui disparaît peu à peu dans l’ombre de la terre, puis qui acquiert cette étrange couleur rouge, et tout de suite après le lever du jour au-dessus d’une mer de nuages, dans ce magnifique décor volcanique…
Il n’était pas possible de réaliser une prise de vue avec exposition multiple car, l’aube approchant, les différences de lumière étaient trop grandes entre le début et la fin de l’éclipse. A la place, j’ai donc décidé de réaliser une combinaison de dix différentes images de la lune dans différentes phases. C’était le meilleur moyen pour illustrer de façon complète le phénomène.
Désirée Martin est une photojournaliste qui travaille pour l'AFP aux Canaries. Retrouvez plus de photos sur son blog en espagnol.