Un monde d’écoliers
PARIS, 5 sept. 2013 – Endosser son cartable, marcher jusqu’à l’école, s’asseoir en classe, faire ses devoirs: tous les jours, des millions d’enfants à travers le monde effectuent ces gestes. En cette période de rentrée scolaire en Europe, nous avons eu l’idée de mobiliser le réseau mondial de photographes de l’AFP pour illustrer ce lien invisible entre les écoliers des quatre coins de la planète.
Il s’agit d’offrir une grille de comparaison mondiale : qu’est-ce qui rapproche, qu’est-ce qui éloigne un écolier kenyan d’un écolier sud-coréen ? L’élève d’une école maternelle espagnole, indienne ou américaine de son homologue de Grèce, du Japon ou du Salvador ?
Nous avons imposé quatre thèmes à nos photographes. Ils ont d’abord dû prendre des photos d’enfants sur le chemin de l’école (de préférence de profil, et dans un paysage caractéristique du pays dans lequel ils se trouvaient). Puis des scènes dans la salle de classe. Ensuite, les enfants faisant leurs devoirs à la maison. Et enfin, un cartable et son contenu.
La série complète peut être visualisée sur Imageforum, la base de données photographique de l'AFP.
Sur le chemin de l'école
Cartable sur le dos, Kelvin Leadismo, 12 ans, conduit une vache dans son pré dans le comté de Samburu, dans le nord du Kenya, avant de se rendre à l'école primaire voisine pour y suivre des cours spécialement destinés aux jeunes bergers.
Autre chemin de l'école, autres vaches, mais cette fois à Moudon, dans l'ouest de la Suisse.
Pour des millions d'écoliers en Amérique du Nord, le chemin de l'école passe obligatoirement par le "school bus" à la forme et à la couleur jaune caractéristiques. Ici à Centreville, dans le Maryland, sur la côte est des Etats-Unis.
Le cartable
Notre série de photos montre des réalités très différentes pour les écoliers à travers le monde. Mais il y a un point où ils se rejoignent pratiquement tous: le cartable. Sur tous les continents on retrouve les mêmes Hello Kitty, les mêmes petits trucs roses... Il existe vraiment une mondialisation du cartable. Comparez les deux photos ci-dessous. La première montre le cartable d'une écolière de l'île de Tenerife, en Espagne; le second celui d'un petit Japonais. La troisième est différente. C'est le cartable de Kelvin Leadismo, le petit berger Kenyan que l'on voyait plus haut en train de conduire sa vache.
La classe
Voici Tandi Dorji (à gauche), six ans, et ses camarades apprentis-moines en train d'étudier les écritures sacrées dans un monastère bouddhiste de Thimpu, la capitale du Bhoutan. Dorji est le plus jeune des quelque 200 élèves de ce monastère où l'on apprend, entre autres, la méditation, le chant, la calligraphie religieuse et la pratique des différents rituels. Tous les élèves doivent apprendre par cœur un grand nombre de textes sacrés et passent une importante partie de leur scolarité à les réciter à haute voix afin de stimuler leur mémoire.
Les textes sacrés -en l'occurrence, le Coran- sont également au programme de ces jeunes élèves de l'école islamique Madrasatur-Rashaad à Hyderabad, en Inde.
Ambiance différente, mais même application pour la jeune Silvia Alvarado, dix ans, pendant un devoir surveillé dans son école du village de Metalio, au Salvador.
Dans la classe de Kiriaki Tentoglou, huit ans, dans le village de Felli, dans le nord de la Grèce, les portraits de personnages historiques côtoient le tableau noir et le mannequin d'anatomie.
Et nous retrouvons Kelvin (au centre), le petit berger du nord du Kenya, dans l'école primaire de Loltulelei où il suit des cours spécialement adaptés aux enfants dans son cas. Ces cours sont dispensés deux ou trois heures par jour par des professeurs bénévoles. Sans ce système, de nombreux enfants, qui doivent contribuer à la survie de leurs familles en aidant leurs parents à la ferme, seraient condamnés à l'illétrisme.
Les devoirs
Lim Jee-Woo, neuf ans, fait ses exercices de flûte après l'école dans sa maison de Goyang, dans la banlieue de Séoul, en Corée du Sud.
Conditions un peu moins confortables pour Genesis Tuazon, huit ans, dans sa maison de Malabon City à Manille, aux Philippines.
Et toujours Kelvin, le berger du nord du Kenya. Lui aussi a des devoirs. Il les fait à la lueur du feu, entouré par sa famille dans sa manyatta, maison traditionnelle aux murs de bouse de vache.
Sylvain Estibal est le rédacteur-en-chef photo de l'AFP pour l'Europe et l'Afrique.