Trois ans d'Asie en sept minutes
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BANGKOK, 27 juin 2013 – Mon premier jour en Asie a donné le rythme de tout ce qui allait suivre. A peine avais-je atterri à Bangkok que j’avais dû redécoller pour l’île indonésienne de Sumatra qui venait d’être dévastée par un tremblement de terre. Nous allions être les premiers à découvrir que plusieurs villages avaient été rayés de la carte par des glissements de terrain. Des centaines de personnes étaient mortes.
C’était la première fois que j'expérimentais la frustration de devoir couvrir une catastrophe sans électricité, sans téléphone. Transmettre la plus petite des vidéos par internet prenait des heures. Sans parler du manque de nourriture, d’eau et de sommeil.
Mais LA grande histoire de mon séjour en Asie reste incontestablement pour moi le dégel politique en Birmanie. Lors de mes premières visites, avant les élections de 2010, j’étais entré illégalement dans le pays, avec un visa de touriste. Tout le temps, je me sentais observé. Ma paranoïa s’était avérée fondée quand un membre des services secrets m’avait, « amicalement », passé sur le gril…
Quelques mois plus tard, je suis retourné en Birmanie. Cette fois avec un visa de journaliste en bonne et due forme, et pour couvrir la campagne électorale d’Aung San Suu Kyi dans un pays débordant de joie et d’optimisme.
La Thaïlande, pays dans lequel j’étais basé, a apporté son lot d’informations. Depuis le sanglant mouvement de protestation des « chemises rouges » jusqu’aux inondations dévastatrices de Bangkok, en passant par l’insurrection dans le sud thaïlandais, les fabricants de fausses Ferrari et les voleurs de cadavres de la capitale. J’ai aussi eu l’honneur douteux de filmer une opération de changement de sexe pratiquée sous anesthésie locale. Pas vraiment le genre d’images qu’on regarde le soir en famille…
Les reportages qui m’ont le plus marqué restent ceux où j’ai pu, d’une façon ou d’une autre, donner la parole à ceux que l’on n’écoute jamais: les victimes d’expropriations sauvages au Cambodge, les enfants de rue victimes d’abus sexuels au Pakistan, les villageois de Bornéo dont les vies, les traditions et les rêves étaient mis en danger à cause d’intérêts industriels.
Raconter des histoires, c’est la première raison pour laquelle je suis devenu journaliste. Je considère que j’ai eu de la chance de vivre autant d’expériences incroyables.
Richard Sargent a été correspondant vidéo de l'AFP à Bangkok de 2010 à 2013. Il est actuellement coordinateur vidéo pour l'Asie, basé à Hong Kong.