« La vie, ce qu’on a coutume de nommer la vie normale, est absente de tout ce qu’on croise à Bor : des haillons épars, des carcasses de camions incendiés par les troupes antigouvernementales, et partout, l’odeur tout à la fois douçâtre et âcre, de la mort. »
Arrivée dans cette ville stratégique du Soudan du Sud pour couvrir les combats qui font rage entre rebelles et forces gouvernementales, Nichole Sobecki, reporter vidéo au bureau de l'AFP à Nairobi, découvre l'inimaginable. Des corps de femmes, de vieillards ou d’infirmes – tous ceux qui n’ont pas pu ou n’ont pas voulu fuir – sont étendus sur le bord d’un chemin, ou cachés sous un lit. « Et aucun filtre, aucune protection pour faire barrière, pour atténuer l’intimité de la mort. Aucun des rituels qui entourent habituellement les scènes de mort, comme par exemple lorsque des familles enterrent leurs proches, dans l’amour et la dignité.»