« J’avais l’impression d’avoir été jetée dans un torrent ». En cet après-midi du 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 suivi d’un énorme tsunami viennent de frapper le Japon. Miwa Suzuki, comme ses quatorze confrères du bureau de l’AFP à Tokyo, fait face à un emballement de l’actualité sans précédent dans sa carrière. Mais pour elle, le désastre a une dimension encore plus terrible: sa ville natale, Ishinomaki, où vivent sa mère et sa sœur, a été submergée par la vague géante. Sans nouvelles de ses proches, sans possibilité immédiate de se rendre sur place, Miwa Suzuki choisit de continuer à faire son travail de journaliste, trouvant dans l’écriture de dépêches le moyen de maîtriser son angoisse. Ce n’est qu’au bout de plusieurs jours qu’elle apprend que sa mère est indemne, mais que sa sœur est portée disparue. Le corps de cette dernière sera retrouvé sous les décombres fin avril.
Pour l’AFP, Miwa Suzuki réalise des reportages poignants sur les recherches de plus en plus désespérées entreprises par sa mère à travers les refuges, les hôpitaux, puis les morgues de la région, jusqu’à la terrible nouvelle annoncée au téléphone par un policier. En février 2012, près d’un an après la catastrophe, elle revient sur place, cette fois pour raconter les histoires de fantômes des noyés qui continuent de hanter les ruines d’Ishinomaki.
Au quatrième anniversaire de la catastrophe, nous republions un des premiers articles parus sur notre blog, en avril 2012. Miwa Suzuki raconte comment elle a vécu cette double épreuve professionnelle et personnelle : couvrir pendant ce qui fut à la fois une des plus terribles tragédies de l’histoire récente, tout en affrontant les pires moments de sa vie.