Angelo, un orang-outan de 14 ans blessé par des plombs de chasse, est examiné par un vétérinaire dans un centre de conservation de Sibolangit, à Sumatra, le 16 avril 2014 (AFP / Sutanta Aditya)

L'orang-outan sur le billard

MEDAN (Indonésie), 28 avril 2014 – Cet orang-outan, baptisé Angelo, est soigné dans un centre de conservation de la faune de l’ouest de l’Indonésie. Agé d’environ quatorze ans, il a été découvert, le corps criblé de plombs de chasse, par des gardes forestiers dans un coin de jungle isolé au nord de Sumatra. Le terrain autour de la portion de forêt où il se trouvait avait été déblayé pour mettre en place des plantations de palmiers à huile, selon une pratique courante dans la région.

Le grand singe a été anesthésie avant d’être porté sur la table d’opération. Sur la photo, il est totalement endormi. Il n’a même pas réagi quand un de mes collègues l’a photographié avec un puissant flash.

Le jour où j’ai visité cette clinique du Programme pour la conservation de l’orang-outan de Sumatra (SOCP), Angelo a subi une première intervention chirurgicale destinée à extraire des plombs de sa cuisse. Les vétérinaires souhaitaient ensuite pratiquer une analyse de sang, prélever des poils de l’animal et lui faire passer une radio pour détecter d’éventuelles fractures. Mais ils avaient un mal fou à faire tenir debout l’énorme singe endormi dans l’appareil de radiologie ! Quatre hommes l’ont saisi par les bras et les jambes pour essayer de le faire tenir droit, mais ils se sont alors aperçus qu’il ne restait personne pour actionner la machine à rayons X... Un cinquième vétérinaire a alors dû être appelé à la rescousse.

Endormi, l'orang-outan Angelo subit un examen radiologique (AFP / Sutanta Aditya)

Après son opération, Angelo passera trente jours dans un enclos avant d’être remis en liberté. Depuis la création du SOCP en 1999, près de 200 de ses congénères, sauvés des balles des braconniers ou confisqués à des collectionneurs, ont retrouvé la nature après avoir été soignés dans ce centre.

Selon le SOCP, l’orang-outan n’aurait probablement pas survécu dans son petit bout de forêt isolée au milieu des plantations géantes s’il n’avait été découvert par les gardes forestiers. Les plombs dans son corps prouvent qu’il était pourchassé par les villageois des alentours.

Le développement de l’huile de palme, utilisée dans la fabrication de nombreux produits de consommation courante depuis les biscuits jusqu’au shampoing, est jugée responsable de la déforestation massive à Sumatra et dans d’autres parties de l’archipel indonésien. L’orang-outan, un mot d’origine malaise qui signifie « personne de la forêt », figure sur la liste rouge des espèces en danger dressée par les Nations unies. Il n’en reste qu’environ 6.600 à Sumatra et 54.000 à Bornéo.

Siboy, un bébé orang-outan, au centre de conservation de Sibolangit, à Sumatra (AFP / Sutanta Aditya)

Sutanta Aditya est un photographe basé à Medan, dans le nord de Sumatra, qui travaille avec l’AFP depuis plus de cinq ans.