Les yeux qui te regardent
CARACAS, 6 mars 2014 – J’ai baptisé cette série de quatorze photos « Les yeux qui te regardent ». Ce projet a pour origine mes impressions, en tant que citoyen vénézuélien, face au regard d’Hugo Chávez. Un jour, j’ai été surpris en voyant une peinture murale géante des yeux du défunt président sur le bas-côté d’une autoroute. J’ai arrêté ma voiture et j’ai pris une photo.
Cette image m’a, en quelque sorte, ouvert les yeux. Je me suis rendu compte que Caracas, comme la plupart des villes du Venezuela, était pleine de regards. Depuis ce jour, je rencontre les yeux de Chávez partout : sur les murs des immeubles, sur les véhicules, sur les T-shirts, sur des graffitis, sur des panneaux publicitaires, au bord des routes et dans les stades de baseball…
Lors de sa dernière campagne présidentielle, en octobre 2012, Chávez s’était servi de son regard comme argument électoral. Des milliers de personnes avaient revêtu un T-shirt rouge –la couleur du chavisme– avec les yeux du président imprimés en noir. Cette initiative avait été un succès. Des centaines d’articles similaires avaient ensuite vu le jour.
Un an après la mort de celui qui gouverna le pays de 1999 à 2013, cette image rappelle que Chávez reste présent au Venezuela à travers son regard, que cela plaise ou non. Ses yeux, présents à tous les coins de rue, semblent contrôler tout ce qui se passe dans le pays.
Leo Ramírez est un photojournaliste qui travaille pour l'AFP à Caracas.