(AFP / Tauseef Mustafa)

Le joyau du Cachemire

Srinagar -- Je me rends régulièrement autour du lac Dal, c’est un endroit où je me trouve en paix, quelle que soit la saison. Il se trouve au bord de la capitale du Cachemire, à l'extrémité occidentale de l'Himalaya.

Le lac Dal, au pied des contreforts de l'Himalaya, en janvier 2011. (AFP / Tauseef Mustafa)

Le lac est un "joyau dans la couronne du Cachemire", selon la formule. C'est un endroit où le silence est roi. Particulièrement à l'automne, quand le brouillard s'étend sur lui.

Ca me permet de faire une pause dans la couverture des affrontements entre les séparatistes cachemiris et l’armée indienne.

Un pêcheur sur le lac, le 23 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

Il y a trois lacs en fait, Dal, Nagin et Anchar. Le plus célèbre est le premier, le plus grand. Il est ceinturé d’arbres magnifiques, des saules pleureurs et des platanes immenses. 

Par endroits le lac est couvert de lotus, que les paysans récoltent pour l’alimentation du bétail.  

Des femmes transportent des racines de fleurs de lotus pour alimenter du bétail, le 23 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)
Une femme récolte des racines de fleurs de lotus dans le lac. Le 17 septembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

 

Le problème majeur est la pollution, qui a quasiment tuée l’un des trois lacs, l’Anchar.

D’après les experts la cause principale de ce désastre écologique est la décharge d’eaux usées. Le lac reçoit chaque année des milliers de tonnes de vase, de nitrates et de phosphates. Celà a entraîné la prolifération des algues, qui consomment l’oxygène nécessaire à la flore traditionnelle et aux poissons.

Des employés de l'administration des lacs et rivières du Cachemire récoltent des algues sur le lac Dal, le 20 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

Les efforts des autorités pour contrôler cette pollution sont restés sans effet visible. Des employés de l'administration des lacs et rivières sont chargés de récolter les algues qui envahissent le lac. Mais c'est une tâche impossible si on ne traite pas la cause du mal.

Des fermiers trient leur récolte au bord du lac. Le 22 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

Cela reste pourtant un endroit fabuleux, entouré de beautés. Avec les jardins moghols de Nishat, de Shalimar ou Chashamshahi, qui ont été dessinés il y a des siècles sur le modèle des jardins persans.  

J’aime m’y rendre pour le plaisir de la promenade, et pour y faire des photos personnelles. Bien sûr je prends aussi des clichés qui intéressent l’agence, pour illustrer une situation ou un évènement. C’est un lieu paisible et plein de poésie .

Ramassage des feuilles dan un jardin de l'époque moghole, le 20 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

J’y passe souvent des heures. Il y a toujours de très jolies scènes, intemporelles, avec des hommes ou des femmes qui rament dans leurs barques, des pêcheurs, des vendeurs de légumes qui traversent le lac ou longent ses rives pour aller au marché.

Un vendeur de légumes sur les bords du lac, le 22 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)
Sur les bords du lac, le 20 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

 

Ce que j’y préfère par-dessus tout c’est le silence. Il inspire un sentiment de paix. Je me sens apaisé quand je suis là-bas. C’est une pause bienvenue  entre des reportages ou des missions qui sont quelquefois mouvementés.

Depuis juillet la région est secouée par un regain de troubles. Avec des incidents parfois violents entre les mouvements séparatistes cachemiris et les forces de l’ordre indiennes.  Le conflit est très ancien, il remonte à la partition de l’Inde et du Pakistan en 1947.

 Parfois il y a des manifestations quotidiennes qui deviennent violentes. Depuis plusieurs mois je couvre régulièrement ces affrontements, dont certains se révèlent mortels.

Un soldat indien sur les bords du lac, le 23 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)
Patrouille de paramilitaires indiens au sud de Srinagar, après une fusillade avec des activistes, le 12 octobre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

 

Les forces de l’ordre indiennes sont partout, y compris autour du lac. Les paramilitaires peuvent être souriants, mais ils sont toujours sur le qui-vive, que ce soit sur les rives du Dal ou dans la vallée du Cachemire.

Sous les platanes, le 18 novembre 2016. (AFP / Tauseef Mustafa)

Si on ne remarque pas trop de gens sur les photos, ce n’est pas à cause de la situation, mais à cause du temps. 

Avec l’arrivée de l'hiver il commence à faire très froid. 

Et nous sommes en altitude, ceinturés par la chaîne de l’Himalaya.

Celà dit la situation a beaucoup affecté le tourisme autour du lac.

Avant les gens pouvaient  y passer des journées entières, tellement il est beau. Surtout au coucher du soleil.

Ceux qui s'y rendent n’ont pas peur de ce qui pourrait leur arriver.

Les touristes indiens, eux, viennent moins. On trouve avant tout des cachemiris.

Je m’y rends quelquefois en famille pour faire un tour de Chikara, une petite embarcation pour les promenades.  

Ce blog a été écrit avec Pierre Célérier à Paris.