A Istanbul, la faim des réfugiés syriens

(AFP / Bülent Kilic)

ISTANBUL, 5 nov. 2013 – Plus de 600.000 Syriens se sont réfugiés en Turquie depuis le début du conflit dans leur pays, en mars 2011. Environ un tiers d’entre eux s’entassent dans une vingtaine de camps proches de la frontière, et les deux tiers restants sont disséminés dans le pays. Ces derniers mois, on en voit de plus en plus à Istanbul.

J’ai pris ces images dans le parc Sirinevler, dans la partie européenne de la ville, où environ 150 réfugiés errent livrés à eux-mêmes, sans aucune assistance des autorités.

Ils sont pour la plupart originaires d’Alep et ont dressé un campement de fortune. Ils n’ont pas d’eau courante, pas de sanitaires. Certains n’ont même pas de tente et dorment à la belle étoile. Parfois, l’un ou l’autre parvient à trouver un petit boulot mais la plupart de ces réfugiés n’ont aucune ressource. Ils sont totalement dépendants de l’aide que des Stambouliotes charitables leur offrent de temps en temps.

Des enfants réfugiés syriens attendent de la nourriture dans un parc d'Istanbul, le 3 novembre 2013 (AFP / Bülent Kilic)

Quand je suis arrivé dans le parc, ce dimanche 3 novembre, une femme turque venait de leur apporter une centaine d’épis de maïs. Il n’y en avait évidemment pas assez pour tout le monde et tout de suite, ça a été une cohue inimaginable. Les enfants affamés se sont précipités sur les vivres comme des fous, se poussant et se battant entre eux pour essayer d’arracher un des précieux épis. Cette scène se répète à chaque fois qu’une cargaison de nourriture arrive.

La Turquie maintient une politique de « portes ouvertes » à l’égard des Syriens fuyant la guerre, mais le flux de plus en plus nourri de réfugiés constitue un casse-tête pour le gouvernement d’Ankara. Il fait encore relativement doux en ce début novembre à Istanbul. Mais une fois l’hiver venu, la situation de tous ces réfugiés abandonnés à leur sort à travers la ville risque de devenir critique.

Réfugiés syriens dans le parc Sirinevler d'Istanbul, le 3 novembre 2013 (AFP / Bülent Kilic)

Bülent Kilic est photographe de l'AFP à Istanbul.