Dans le Paris des barricades
Jusqu'au 26 août 2014, revivez l'insurrection et la libération de Paris à travers les premières dépêches publiées par l'Agence France-Presse, née le 20 août 1944, et les images de notre fonds d'archives photographique.
A travers la capitale
PARIS, 22 août 1944 (AFP) - Boutiques fermées, rues peu animées, voire désertes, de rares voitures, par contre de nombreuses bicyclettes, tel est l’aspect général de Paris aujourd’hui et comme hier et les jours précédents. Le ciel est nuageux, mais le soleil brille. De temps à autre, on peut entendre le bruit sec d’un coup de feu, parfois d’une rafale qui rappellent que la guerre est là. De place en place le drapeau de la Croix Rouge signale les postes de secours, car on se bat un peu partout. Plusieurs ponts sont interdits à la circulation par des chevaux de frise, ce sont ceux, notamment, qui conduisent aux Tuileries dont l’accès est interdit. Pareillement, toute la partie de la rue de Rivoli entre la rue Royale et la rue Cambon n’est pas autorisée. C’est là, on le sait, qu’était installée la marine allemande dont il reste encore quelques éléments, lesquels sont gardés par des postes installés dans des abris en maçonnerie. L’accès des hôtels ou des maisons encore occupées par les Allemands est également défendu par des chevaux de frise qui barrent toute la largeur des voies qui conduisent et que gardent des sentinelles l’arme à la main, prêtes à épauler.
Parfois, un camion allemand transportant des hommes, l’arme à la main ou, au contraire, une voiture des FFI pleine d’hommes armés passent rapidement. Et toujours, au lointain éclatent des coups de feu. Sur certains points, de véritables barricades ont été édifiées semblables à celles qu’ont popularisées des images destinées à illustrer les histoires de la Révolution de juillet ou des autres périodes héroïques de la capitale.
Deci, delà, une auto abandonnée, criblée de trous, vitres brisées ou encore par les traces apparentes de combats récents, fragments de vitres de réverbères, chaussées défoncées, reste de poteaux indicateurs élevés par les Allemands et qui ont été abattus avec rage. Et sur les murs, les affiches apposées par les Allemands et leurs collaborateurs, les appels aux Français de Pétain, de Laval ou de Darnand, sont déjà lacérées par des mains impatientes.