Un « gang bang », dans le langage courant, désigne une forme violente de sexualité de groupe. Pour les journalistes chargés de couvrir les conférences ministérielles de l'OPEP, deux fois par an à Vienne, ce terme a une autre signification, moins salace, mais pas forcément moins violente: c'est l'instant de frénésie, de chacun pour soi et d’oubli total de toute règle de civilité au cours duquel la meute des reporters en furie est lâchée sur les ministres du pétrole, quinze minutes avant le début de la réunion.
« C’est en couvrant l’OPEP qu’on réalise, vraiment, à quel point les journalistes peuvent se transformer en quelques secondes en une meute de chiens sauvages et assoiffés de sang », témoigne Sim Sim Wissgott, correspondante de l'AFP à Vienne. « Dès qu’un ministre pointe le bout de son nez, plus personne n’est en sécurité ».