Super Lune

Paris - C’est le moment à ne pas rater, comme un marronnier qui ne fleurirait qu’une à deux fois par siècle. C’est celui où la Lune est à son périgée, au plus proche de la Terre. La dernière fois, c’était il y a 68 ans. La prochaine occurrence sera dans 18 ans. Entre les deux, c’était le lundi  14 novembre 2016.

Un moment fugitif pour lequel des photographes de l’AFP à travers le monde se sont préparés, ont repéré le bon endroit, échangé des conseils avec leurs collègues, et prié pour que le ciel soit dégagé.

Au bout du compte, certains ont transpiré pour atteindre un point d'observation idéal, d’autres ont patiemment attendu que les nuages se dissipent,  ou que des éléments entrent dans le cadre, et bien entendu que la Lune se lève. D’autres encore sont tombés sur elle à l’improviste.

Voici une sélection de ces photos, à admirer en attendant la prochaine rencontre, en novembre 2034.

Birmanie

La "super Lune" se lève à Heho, Etat Shan, Birmanie, 14 novembre 2016. (AFP / Ye Aung Thu)

Par Ye Aung Thu

J’ai détermine à quelle heure la Lune se lèverait grâce à une application mobile: cinq heures de l’après-midi. J’ai choisi un endroit vallonné que je connais bien, à trois heures de route, et suis donc parti assez tôt pour avoir le temps de m’installer. Il n’y a pas de route à cet endroit, j’ai traversé des champs boueux et passé des collines avant de trouver un élément qui irait bien sur fond de Lune, un arbre.

Puis j’ai estimé où je devrai me placer pour qu’il apparaisse avec la bonne taille dans l’objectif. C’était depuis le haut d’une colline voisine. Je suis parti à pied. J’avais oublié ma bouteille d’eau, et grimper la colline avec un téléobjectif de 600 mm, un autre de 70-200 mm et deux boitiers m’a laissé un mauvais souvenir. Un fois installé, j’ai attendu une heure. Et j’ai déclenché.

Londres

Près de l'aéroport d'Heathrow, à l'ouest de Londres. (AFP / Adrian Dennis)

Par Adrian Dennis

J’ai suivi les prévisions météo de près avant l’arrivée de la “super Lune”. Je suis parti en repérage la veille à l’aéroport d’Heathrow pour trouver un endroit où les avions arriveraient par l’est, la direction depuis laquelle la Lune devait se lever. J’ai eu de la chance. Ce que je cherchais, c’est un alignement d’avions en approche, à un angle d’environ 75 degrés par rapport au point où l’astre apparaitrait. J’ai calculé ça avec l’aide du compas de mon téléphone.

Mais le soir venu, quand la Lune est apparue, elle se trouvait plus à excentrée que prévu. Il était trop tard pour changer d'endroit. J’ai attendu que la Lune monte dans le ciel, et que quelques avions passent exactement devant elle. J’ai eu cinq minutes. Et ça, c'était sans compter avec la pluie et les nuages.

Marseille, France

14 novembre 2016. (AFP / Boris Horvat)

Par Boris Horvat

L’endroit s’est imposé de lui-même. La Lune devait se lever à l’est et l’endroit de Marseille où l’on peut admirer la ville en faisant face à cette direction est la colline de Notre-Dame de la Garde. C’est aussi un bon endroit parce qu’on peut s’y déplacer facilement. Je me suis installé et j’ai attendu. Quand la Lune s’est levée, elle est restée rouge quelques minutes seulement. 

Baïkonour, Kazakhstan

La "super Lune" derrière la fusée Soyouz sur son pas de tir à Baïkonour. (AFP / Kirill Kudryavtsev)

Par Kirill Kudryavtsev

Avec mes collègues, nous savions que nous nous trouverions à Baïkonour, -pour le lancement d’une fusée vers la station spatiale internationale-, le soir de la “super Lune”. Nous avons discuté du meilleur endroit pour l’attraper. Nous connaissons tous très bien le cosmodrome, pour y avoir déjà couvert plusieurs lancements.

Nous nous sommes placés à environ un kilomètre et demi du pas de tir. Malheureusement, le soir dit, le ciel était nuageux au-dessus de la steppe kazakhe, et la Lune était introuvable pendant une bonne heure et demie. Nous ajustions nos appareils régulièrement, pour être prêt au cas où.

Et puis nous avons distingué un mince trait rouge près de la fusée. J’ai encore corrigé l’ouverture et la vitesse de l’appareil, parce que la Lune était très brillante alors que le pas de tir était dans la pénombre. Nous avons eu de la chance que les tours de service de la fusée soient rabattues vers le sol quand c’est arrivé.

Séville, Espagne

Lever de Lune sur Séville. (AFP / Cristina Quicler)

Par Cristina Quicler

J’ai photographié la Lune depuis Tomares, une localité proche de Séville. Il y a un promontoire d’où on peut bien observer la ville quand le ciel est clair. J’ai choisi cet endroit parce qu’il permet une jolie photo simple, et qu’il n’y a rien qui encombre la vue.

Mirzapur, Inde

La lune apparaît au dessus d'une église de Mirzapur, en Inde. (AFP / Sam Panthaky)

Par Sam Panthaky

Je n’avais pas prévu de faire cette photo. Je rentrais à la maison après un reportage et j’ai remarqué la “super Lune” au-dessus d’une église à Mirzapur. Je m’y suis rendu et ai demandé au gardien si je pouvais pénétrer dans l’enceinte et prendre une photo. Il était d’accord. Parfois il suffit d’un peu de chance. Et de sens de l’observation aussi.

Rangoun, Birmanie

Des fidèles à la pagode du temple Swe Taw Myat à Rangoun. (AFP / Romeo Gacad)

Par Romeo Gacad

Pour la “super Lune”, j’ai beaucoup réfléchi à quelle pagode de temple irait le mieux avec ce spectacle. Une fois que je l’ai identifiée, je me suis entraîné deux soirs de suite, pour trouver le bon angle et le bon temps d’exposition.

En Birmanie, les bouddhistes célèbrent les fêtes religieuses en accord avec les phases de pleine Lune. Ils font ça depuis toujours. Il fallait donc que j’arrive à conjuguer l’impression de solennité d’une fête religieuse avec celle de la “super Lune”.

Je me suis rendu au temple Swe Taw Myat, avec deux appareils Nikon D4, dont un sur trépied avec un grand angle pour réaliser un time-lapse sur trois heures, et l’autre avec un 28-300 mm pour avoir en même temps les fidèles, la Lune et l’architecture sophistiquée de la pagode.

Il m’a fallu beaucoup de temps pour obtenir le tout, un peu comme un alignement de planètes.

Corinthe, Grèce

Sur le bras de Poséidon. (AFP / Valerie Gache)

Par Valerie Gache

Je pensais que ce serait intéressant de donner une dimension mythique à la photo de la “super Lune”. Il y a une statue de Poséidon, le dieu de la mer dans la mythologie grecque, dans l’isthme de Corinthe. Le mythe veut que Poséidon et son rival Hélios, dieu du soleil, aient tous deux convoités cette région, que le dieu de la mer se vit finalement attribuer.

Je voulais représenter Poséidon portant la « super Lune » à bout de bras, comme s’il voulait se moquer d’Hélios.

Il a aussi l’air de jouer avec elle comme avec une balle, ce qui rappelle les Jeux isthmiques, qui se tenaient en son honneur dans la Grèce ancienne, et qui étaient considérés alors aussi importants que les Jeux olympiques

Madrid

Madrid, 13 novembre 2016, à la veille de la date exacte de la "super Lune". (AFP / Gerard Julien)

Par Gérard Julien

La “super Lune” est une occasion d’être aussi créatif que possible, en sachant que tout le monde s’y essaie aussi. C’est aussi une façon de casser la routine du travail. Après m’être informé en détails, j’ai décidé de faire des photos le dimanche et le lundi soir, parce qu’il y avait 45 minutes de différence entre les heures auxquelles la Lune apparaîtrait pendant ces deux jours. Et à Madrid, ce délai change tout en matière de luminosité.

Equipé d’un objectif de 800 mm, je me suis rendu au parc Casa de Campo, à l’est, parce qu’on y trouve de bonnes vues de la ville avec des immeubles imposants. Et c’est comme ça que j’ai attrapé ce bonhomme sur son balcon, avec une Lune immense derrière.

AL lune se lève au dessus de la pagode Swe Taw Myat à Rangoun. (AFP / Romeo Gacad)

 

Yana Dlugy