Enfants des camps au Pakistan

ISLAMABAD, 21 févr. 2014 – En route vers Kaboul, je me suis arrêté deux jours à Islamabad, début février. Le Pakistan accueille 1,6 million de réfugiés Afghans. C’est la plus grande population de déplacés du monde. Certains sont là depuis l’ère soviétique. Je me suis dit qu’une série sur les enfants afghans du Pakistan, dont beaucoup sont nés ici et n’ont jamais connu leur pays d’origine, serait une bonne entrée en matière avant de partir pour une mission d’un mois en Afghanistan.

Je me suis rendu dans l’un des énormes camps de réfugiés afghans de la banlieue d’Islamabad. C’est un bidonville, très pauvre, avec des maisons construites en terre. Cela ressemble exactement à un village afghan, une communauté où tout le monde se connaît, où les gens vivent de petits métiers. Les maisons communiquent entre elles par des trous, ce qui est parfois déconcertant : on voit quelqu’un entrer dans une maison et ressortir d’une autre…

AFP / Nicolas Asfouri

C’est un lieu misérable, le résultat d’une tragédie humaine insoluble, mais d’un strict point de vue photographique, on ne peut pas faire mieux: un décor complètement neutre, dans lequel le sujet ressort fortement sur l’image. J’y suis allé à l’heure idéale, à la tombée du jour. La douce lumière éclairait parfaitement les sourires pudiques, les regards profonds des enfants afghans.

Dans ce genre de reportage, il faut devenir invisible, ou être extrêmement rapide, afin de saisir le naturel. C’est parfois compliqué. Il est essentiel de n’avoir qu’un seul appareil sur soi, de prendre son temps, de parler avec les gens, de leur expliquer d’où vous venez et ce que vous faites.

AFP / Nicolas Asfouri

Je n’ai fait aucune photo volée. Certaines personnes, d’un signe de la main, me faisaient savoir qu’elles ne voulaient pas être photographiées. Je respectais bien sûr leur volonté. Mais sinon tout le monde acceptait ma présence. Après avoir pris un enfant en photo, je montrais l’image aux parents. La patience et le dialogue sont les clés d’un travail comme celui-là.

Depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir à Kaboul en 2001, 3,8 millions de réfugiés afghans au Pakistan sont rentrés chez eux. Les 1,6 million qui restent sont des irréductibles, pour la plupart des jeunes nés et ayant grandi au Pakistan. Les pressions et les incitations au retour n'y font rien: l'écrasante majorité d’entre eux refuse de rentrer dans leur pays par crainte de n'y retrouver que la guerre, et une misère encore plus grande.

AFP / Nicolas Asfouri

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Nicolas Asfouri est un photojournaliste de l'AFP basé à Bangkok.

Nicolas Asfouri