Leçon en plein air dans les environs de Jalalabad, en Afghanistan, le 1er décembre 2013 (AFP / Noorullah Shirzada)

Leçon de lecture dans l’automne afghan

JALALABAD (Afghanistan), 13 déc. 2013 – Je me promène souvent à moto dans la ville de Jalalabad et ses environs, avec mon appareil photo, à la recherche d’images fraîches. Lors de ces expéditions, je n’ai souvent aucun but précis. Je flâne et je photographie tout ce que je trouve intéressant.

Le jour où j’ai pris la photo ci-dessus, le 1er décembre dernier, je roulais dans le district de Sorkhrud, qui se trouve à environ treize kilomètres de Jalalabad. Je pensais que, peut-être, je pourrais photographier quelques-uns des enfants qui travaillent durement dans l’usine de briques locale. Mais au lieu de cela, je suis tombé sur cette classe en plein air.

Je me suis présenté au maître d’école, qui m’a autorisé à prendre des photos. Ces enfants appartiennent à des familles qui sont venues d’autres régions d’Afghanistan pour travailler dans l’usine de briques. Elles habitent dans des maisons rudimentaires mises à leur disposition par les propriétaires de la fabrique.

(AFP / Noorullah Shirzada)

J’ai passé une heure à prendre des photos de la scène, sous différents angles. La plus réussie est celle que j’ai prise en plongée, avec la cheminée fumante en arrière-plan. La composition de cette image est inhabituelle, et les couleurs des vêtements des enfants sautent aux yeux au milieu des tons fades du sable et du ciel. Surtout la tenue orange vif de la petite fille au premier rang, à gauche.

Cela nous rappelle que sous le régime des talibans, les petites Afghanes n’avaient pas le droit d’aller à l’école. Vous remarquerez que les filles, sur l'image, sont toutes assises à l'avant. C'est parce que, m'a dit l'instituteur, elles ont tendance à être beaucoup plus timides que les garçons. En les plaçant au premier rang, il veut les encourager à participer.

Les cours en plein air sont fréquents en Afghanistan, car le pays manque cruellement d’écoles. Le maître, qui s’appelle Maiwand, m’a dit qu’il gagne 5.000 afghanis par mois, soit environ 70 euros, pour faire ce travail. Dans le même temps, il étudie à la faculté d’agriculture de l’université de Nangarhar. Le matin, il est en cours. L’après-midi, il marche sept kilomètres pour venir faire classe dans ce terrain vague. Au moment où j’ai pris ces images, il apprenait à lire aux enfants. Le reste du temps, ses élèves travaillent à l’usine de briques avec leurs parents.

C’est une toute petite histoire, mais j’ai été heureux que le hasard m’ait amené en moto jusqu’à ces enfants et leur maître. Cela m’a permis de prendre de belles images qui illustrent un aspect de la vie quotidienne, ici en Afghanistan.

(AFP / Noorullah Shirzada)

Noorullah SHIRZADA, est un photographe indépendant qui collabore avec l’AFP à Jalalabad, dans l’est de l’Afghanistan.

Noorullah Shirzada