Gay Pride ordinaire à Moscou
MOSCOU, 29 mai 2013 – Le militant russe pour les droits des homosexuels Nikolaï Alexeïev est violemment frappé au visage par un activiste anti-gay, samedi 25 mai à Moscou alors qu’il essayait de manifester malgré l’interdiction des autorités. Une trentaine de personnes des deux camps seront finalement interpellées par la police au cours de cette tentative ratée de Gay Pride qui, comme à chaque fois dans la capitale russe, s’est soldée par de nombreuses agressions.
«Je m’attendais à ce que ce soit une manifestation violente. C’est très typique pour la Russie, où l’attitude envers les homosexuels est extrêmement négative », raconte le photographe de l’AFP Andreï Smirnov, qui avec son collègue Andreï Svitailo a pris plusieurs images de militants gays en train de se faire boxer par des contre-manifestants.
Plusieurs participants ont reçu des coups de poing assez forts, mais la violence a été plutôt moins extrême que les fois précédentes, souligne-t-il. «D’habitude, des militants orthodoxes très agressifs leur lancent des œufs ou des bouteilles remplies d’un liquide qui sent très mauvais, et ils les aspergent de gaz lacrymogène».
«Ce qui m’a vraiment étonné, c’est la durée de la manifestation. Elle a duré entre cinq et dix minutes. C’est super long! En général, de telles manifs finissent une minute après avoir commencé», raconte encore le photographe. Après être initialement restée passive, la police a interpellé tous ceux qui essayaient de brandir des pancartes en faveur de la cause homosexuelle ou un drapeau aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Chaque année, les demandes de militants homosexuels d’organiser des manifestations sont rejetées par les autorités, et les rassemblements non autorisés sont dispersés sans ménagement par la police. «Nous devons œuvrer au respect de la moralité et enseigner le patriotisme à la jeune génération, et non pas des aspirations étranges», avait justifié, cette fois, un responsable de la mairie de Moscou, Alexeï Maïorov.
En Russie, l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993, et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, bien après la chute en 1991 du régime soviétique. «L’homophobie, chez nous, c’est une politique d’Etat», dénonçait avant la manifestation la présidente du groupe de défense des droits de l’Homme Helsinki, Lioudmila Alexeïeva.
A Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, une loi adoptée l’an passé punit les auteurs de tout «acte public» faisant la promotion de l’homosexualité et de la pédophilie. Le texte a été dénoncé par des défenseurs des libertés comme faisant un amalgame entre homosexualité et pédophilie.
Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé fin février que la Russie pourrait réviser les accords d’adoption avec les pays qui ont légalisé le mariage homosexuel.
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