Hystérie pour Beckham en Chine
SHANGHAI (Chine), 20 juin 2013 – Ce matin-là, j’avais couvert une conférence de presse de David Beckham à Shanghai. L’événement s’était révélé très terne du point de vue photographique. J’espérais que la visite de l’ex-footballeur à l’université Tongji, plus tard dans la journée, m’offrirait des opportunités des images plus intéressantes. Pour le coup, j’ai été servi…
Quand j’arrive, Beckham se trouve à l’intérieur d’un bâtiment de l’université. Des centaines d’étudiants se sont massés dehors, derrière un cordon de sécurité qui me frappe tout de suite par sa maigreur. Je me dis que jamais, ces quelques pauvres vigiles universitaires et agents de police n’arriveront à contenir la foule en délire lorsqu’elle essayera de s’approcher de l’ex-milieu de terrain du Paris Saint-Germain. La suite me donne raison.
Le programme prévoit que Beckham disputera un match de football avec des joueurs d’un club étudiant local. Le terrain est situé à une cinquantaine de mètres de l’immeuble de l’université. Mais dès que les étudiants voient sa Bentley noire arriver, ils débordent le modeste cordon de police pour entourer le véhicule. C’est là que le chaos commence.
Je ne comprends toujours pas comment une telle scène a pu se produire: voilà que débarque un des hommes les plus célèbres de la planète, et tout à coup sa voiture est complètement encerclée par une horde de fans livrés à eux-mêmes, face à un service d’ordre dépassé par les événements... Le manque de prévision est total. D’une façon ou d’une autre, le staff de Beckham doit le sortir de là et lui permettre d’arriver jusqu’au terrain de football.
Ce qui se produit alors est abracadabrant. David Beckham est entraîné vers le portail d’accès du terrain, lequel est entouré d’une haute clôture métallique. On le pousse à l’intérieur. Ses admirateurs, naturellement, se précipitent sur ses pas.
Mais l’ouverture est trop étroite. Je vois venir la catastrophe et je me rue vers le portail. Je le franchis in extremis. Une seconde plus tard, j’aurais été happé par l’avalanche humaine. Des dizaines de personnes se retrouvent écrasées contre la clôture, sans aucune échappatoire. Et voilà que les gens commencent à tomber les uns sur les autres.
Le flot d’admirateurs de Beckham ne tarit pas. On se marche dessus. On hurle. Quand on se retrouve enseveli sous la foule, on ne tarde pas à ne plus pouvoir respirer. A mes pieds, je vois des gens dans une situation critique. J’arrête de prendre des photos pour aider plusieurs malheureux à s’extraire de cette marée humaine potentiellement meurtrière.
Fort heureusement, la police se ressaisit et parvient à repousser énergiquement la foule. Le pire est évité. Ceux qui se sont retrouvés plaqués au sol ont la vie sauve. Bilan final: sept blessés.
J’aperçois une femme policière qui, de toute évidence, s’est pris tout le poids de la foule sur elle. Elle gît face contre terre. Plusieurs personnes, dont l’une porte l’ancien maillot de Beckham au Manchester United, se portent à son secours. Ils la retournent et je vois du sang couler de son nez et de sa bouche. J’espère qu’elle va mieux…
Beckham, qui a annoncé sa retraite sportive à 38 ans en mai dernier, se trouvait à Shanghai en tant qu’ambassadeur du championnat professionnel de Chine. Le football chinois espérait redorer son image, salie par des scandales de corruption. Mais le match à l’université Tongji a été annulé et l’ancien international a exprimé ses regrets. «J'ai appris qu'il y avait quelques blessés, j'espère que les fans vont bien et je leur souhaite un prompt rétablissement», a-t-il écrit sur son nouveau compte sur le réseau social Sina Weibo.