Fashion Week: pourquoi New York fait la différence
NEW YORK, 17 févr. 2014 - Pour les non-initiés, l’industrie de la mode est ce curieux mélange de boutiques à fringues bon marché, de couturiers extravagants et de jeunes femmes faméliques qui sirotent du champagne. Un monde superficiel agité de coups bas et de ragots, préoccupé par des questions de longueur de robe ou de hauteur de talons aiguille, loin des grands débats qui agitent le reste de la planète.
Mais je dois dire que la New York Fashion Week s’est avérée un moment fort de créativité, de démonstration de talents à couper le souffle, un événement qui fait de New York un endroit unique au monde.
Les chefs de rédaction et d’édition du sexe masculin se mettent généralement à bailler quand on leur parle de mode. Mais ce salon de New York a plus que tenu ses promesses, en termes d’innovation, de spectacle, de divertissement, de retentissement médiatique et d’enjeu financier.
On y a vu aussi bien les plus grands, ceux dont les marques sont présentes dans le monde entier, que les débutants qui venaient ici tenter de vivre leur rêve.
Et même le visiteur lambda ne pouvait rester indifférent à ce mélange sublime de couleurs, de tissus et de jolies filles.
Et s’il est parfois difficile de décrocher un entretien avec un politicien, les couturiers étaient eux parfaitement disponibles, même pour une journaliste d’agence, qui pour des raisons pratiques et météorologiques, avait chaussé des bottes en caoutchouc.
Trop contents qu’on leur fasse gratuitement de la pub! objecteront les esprits chagrins. Mais pas seulement.
Lorsque j’ai fait mine de compatir avec un couturier obligé de répondre, debout, une heure durant, à la même question d’un journaliste après l’autre, il m’a immédiatement assuré que tout allait pour le mieux.
Fringant et euphorique, après des mois de dur travail, il était très content de répéter à la presse son enthousiasme et la passion de son métier.
Ce que les modèles montrent durant le salon influence, consciemment ou pas, le design des vêtements que des millions et des millions d’entre nous porteront l’hiver prochain.
Paris ou Milan peuvent prétendre au titre de capitales de la mode, mais New York est sans aucun doute le hub économique et financier d’une industrie mondiale qui représente 1,5 milliard de dollars. Dans cette seule ville, ce secteur génère 11 milliards de dollars, en masse salariale : plus que le PIB de certains pays.
Certes, c’est un environnement pour le moins déconcertant, fait de célébrités vraies ou fausses, qui se la pètent, et de photographes qui mitraillent à tout va. « Qui c’est, qui c’est ? » entend-on murmurer. Même les mieux informés des journalistes spécialisés sont parfois incapables de le dire…
A l’extérieur, j’ai même vu des jeunes femmes qui voulaient tellement se faire remarquer qu’elles posaient dans la neige, tirées à quatre épingles, sur des talons vertigineux.
A la fin du show Calvin Klein, qui se tenait dans un loft impressionnant de Manhattan, je me suis trompé d’ascenseur. Fermant mon manteau et rabattant mon col pour me protéger de la tempête de neige qui soufflait dehors, j’ai à peine noté la présence de la femme qui était devant moi. Puis j’ai réalisé que c’était l’actrice américaine d’origine kényane Lupita Nyong’O, star de « 12 Years a slave », qui était quelques minutes plus tôt invitée d’honneur, avec Naomi Watts.
Assise au premier rang, vêtue d’une robe rose pâle, elle faisait forte impression, jambes nues et stilettos.
Mais une fois la cérémonie achevée, elle affrontait le froid et la neige, comme nous simples mortels, ses belles jambes protégées par des leggings.
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Jennie Matthew est correspondante de l'AFP à New York.