Un jeune syrien blessé dans une attaque des forces gouvernementales attend d'être transporté à l'hôpital le 21 octobre 2012 à Alep (AFP / Fabio Bucciarelli)

« Bataille à mort » à Alep

BAYEUX (France), 12 oct. 2013 – L’armée loyale au président syrien Bachar Al-Assadvient de bombarder le quartier de Shaar à Alep, la grande ville du nord dupays. Le chaos est total. Tous les véhicules disponibles, comme cettecamionnette, sont réquisitionnés pour y entasser des blessés. Cette imageprise le 21 octobre 2012 a valu au photographe indépendant Fabio Bucciarelli,collaborateur de l’AFP, le prix Nikon dans la catégorie professionnelle, un desprestigieux Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, remis ce samedi12 octobre.

«C’étaitune journée complètement folle», se souvient Fabio Bucciarelli. «Un chaoseffroyable. Les survivants jaillissaient des ruines et couraient partout enhurlant: "Allah est grand!" Des blessés étaient enfournés dans tousles véhicules qui passaient, dans des taxis, dans des camions, pour êtretransportés à l’hôpital. Mais en fait d’hôpital, c’était un local minusculebourré de blessés et avec des flots de sang qui jonchaient le sol».

Dans un hôpital d'Alep, le 21 octobre 2012 (AFP / Fabio Bucciarelli)

«C’était,je pense, la journée la plus terrible de mon reportage en Syrie », raconteencore le photographe, qui est resté une quarantaine de jours dans le pays enseptembre et octobre 2012 après avoir couvert toutes les révolutions arabes. Il a baptisé la série de photos qu'il a prise au cours de ces journées: «Bataille à mort».

CetItalien de 32 ans, diplômé d’ingénierie et spécialisé dans l’imagerienumérique, n’est plus jamais retourné en Syrie depuis. «C’est tropdangereux», dit-il. «Des gens que je connais ont été enlevés, commele reporter américain James Foley», lui aussi collaborateur de l’AFP.«J’espère que le prix que je reçois aujourd’hui aidera tout le monde à sesouvenir d’eux, de même que de toutes les victimes innocentes de cetteeffroyable guerre civile».

Un corps inerte repose à l'arrière d'un camion devant un hôpital d'Alep, le 21 octobre 2012 (AFP / Fabio Bucciarelli)

FabioBucciarelli dit ne pas s’intéresser qu’à la vie sur la ligne de front, auxcombats. «Je m’efforce toujours de montrer que, dans une guerre, les genscontinuent à avoir une vie quotidienne ».  Son travail à Alep luiavait déjà valu, en avril dernier, la prestigieuse médaille d’or Robert Capaqui, aux Etats-Unis, récompense «le meilleur grand reportage photographiquepublié ayant requis un courage et une logistique exceptionnels».

Deux rebelles prennent position dans le quartier de Karmel Jabl d'Alep, le 18 octobre 2012 (photo: AFP / Javier Manzano)

Toujoursà Bayeux, un autre collaborateur de l’AFP, le photographe mexicain JavierManzano, a décroché le prix photo du ministère de la Défense dans la catégoriedu prix du public, pour un reportage à Alep déjà couronné cette année un prixPulitzer et une récompense au World Press Photo. Javier Manzano avait raconté son reportage sur ce blog l'an dernier.

Enfin,le reporter de télévision de l’AFP Djilali Belaïd a remporté le deuxième prixdans la catégorie vidéo format court pour son époustouflante expédition au Krak desChevaliers en Syrie durant l’été 2012. Il a lui aussi récemment raconté ce reportage surce blog. Djilali Belaïd reste, à ce jour, le seul journaliste étranger à avoirpu pénétrer dans la célèbre forteresse tenue par la rébellion et assiégée parl’armée gouvernementale syrienne.

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