Dans la deuxième étape de la première édition du Marathon des sables à se dérouler au Pérou, dans le désert d'Ica. 29 novembre 2017. La course, en autosuffisance, s'est tenue sur près de 250 km et six étapes. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

Après l'effort, sans réconfort

Désert d'Ica (Pérou) -- L’épreuve en valait la peine. A chacun la sienne d’ailleurs, celle des participants au Marathon des Sables et celle de la poignée de journalistes qui les ont suivi pour cette première édition au Pérou.

J’imagine que tout le monde ou presque a râlé, à un moment ou un autre, d'avoir à essuyer les plâtres de cette nouvelle aventure. Au final le souvenir des endroits extraordinaires que nous avons traversé l’emportera sans doute. 

Sur la cinquième étape. 3 décembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

C’est le troisième Marathon des Sables que je couvrais. L’épreuve est mythique chez les fans de course à pied. Environ 250 kilomètres à couvrir, en une semaine et en autosuffisance complète. Seule l’eau est fournie au bivouac. C’est tout. 

Au départ de la troisième étape du Marathon des sables, entre Samaca et Ocucaje, dans le désert d'Ica, le 30 novembre. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

Depuis 1986 la course se tient traditionnellement dans le sud marocain. Je n’ai participé qu’aux deux dernières éditions. Dans ces conditions je ne m’attendais pas vraiment à être convié à cette première, dans le désert d’Ica. Ils m’ont prévenu cinq jours avant le départ de la course

J’ai pris mon avion pour Lima et à partir de là l’expérience a été plutôt « roots ». A peine arrivés nous avons embarqué pour huit ou dix heures de bus vers le sud péruvien et Cahuachi. 

Sur la cinquième étape, entre Barloveto et Mendieta, le 3 décembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)
Et sur la première, entre Cahuachi et Coyungo, le 28 novembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

 

Au Maroc, c’est rodé. L’organisation et ceux qui accompagnent la course sont logés dans des tentes berbères. Les journalistes dorment à 2 ou 3. Il y a des prises électriques reliées au générateur. On est  bien nourris.      

Là chacun a reçu une petite tente. Du genre rudimentaire, un piquet avec une toile. Juste assez grande pour ne pas que mes pieds dépassent. 

Deuxième étape, au bivouac. 29 novembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

Réveil à quatre heures du matin, à chaque bivouac, pour ranger le tout dans le camion de l’organisation. En guise de petit-déjeuner, un café, -au mieux-, deux barres de céréales et une pomme, puis en voiture pour suivre la course.

Et là, nous passions sur une autre planète. Le désert d’Ica. Quelque chose d’assez unique. J’espère que les photos en rapportent bien le caractère. Il y avait bien quelques habitants sur la première étape. Mais ensuite, plus un chat.

Dans la quatrième étape, 1er décembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)
Cinquième étape, avec le Pacifique en bas, 3 décembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

Ça n’a pas été de tout repos. Au Maroc, les pisteurs de l’organisation repèrent le parcours prévu à la veille de chaque étape. Pour l’adapter le cas échéant, en cas de changement météo ou un autre impératif de sécurité. Ils nous briefaient chaque soir avant le départ du lendemain.

Au Pérou, nous avons suivi la trace des coureurs. Avec des chauffeurs venus tout droit de Lima et qui pour certains n’avaient visiblement jamais tâté d’un 4x4. Et pour conséquence l’indispensable participation des passagers pour se désensabler, pousser, creuser sous les roues.

C’est le seul bémol de l’histoire. Je crois que nous avons passé plus de temps à galérer pour avancer qu’à prendre des photos. Je dirai dans une proportion de 60/40, c’est dire.

Au bivouac, troisième étape, dans le désert d'Ica, le 30 novembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)
Remplissage des gourdes, quatrième étape, pour 68,4 km de course entre Ocucaje et Barlovento, le 1er décembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

 

Arrivés au bivouac, le défi, pour tout le monde, était de dresser sa petite tente ou son abri malgré un vent violent. Une galère.

Côté alimentation, les coureurs étaient autonomes. Certains essayaient de se bricoler un petit foyer pour réchauffer leur repas. Les plus prévoyants avaient récupéré quelques morceaux de bois sur le chemin . Une denrée rare dans le coin. Quant à nous, nous dépendions du camion de ravitaillement. Attendu une fois jusque tard dans la nuit. 

Deuxième étape, 29 novembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

Chez les compétiteurs, nous avons entendu certains se plaindre du nombre insuffisant de médecins pour soigner leurs bobos. Et on ne parle pas d'ampoules.

Evidemment, de ce point de vue le Maroc, c’est plus simple. Là nous étions au bout du monde. Au deuxième jour, mes collègues et moi-même avons failli laisser tomber. C’était trop dur. Et puis on a continué. Comme les coureurs, dont certains se plaignaient de manquer d’eau.

Mais bon, ils sont repartis avec des souvenirs inoubliables. 

Le Marocain Rachid El Morabity, avec le dossard No 1 finit premier de la sixième étape et du classement général avec un temps de course de 21h 35min 55s sur 250 km. A ses côté, le Péruvien Remigio Huaman Quispe, termine premier ex-aequo sur cette dernière étape, et cinquième au classement général. 4 décembre 2017. (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

Après l’effort, c’était sans réconfort. Ca se voyait sur la tête de certains coureurs. C’était visiblement un gros truc physique à supporter. Ça se passera forcément mieux la prochaine fois, ici ou ailleurs. La 33è édition retourne au Maroc.

Quatrième étape, au bord du Pacifique, 1er décembre 2017 (AFP / Jean-philippe Ksiazek)

 

Jean-Philippe Ksiazek