Conférence de presse avec les mousquetaires
AMSTERDAM, 25 mars 2014 – « De toutes les conférences de presse que j’ai faites dans ma vie, c’était certainement celle dont l’arrière-plan était le plus impressionnant ». C’est ce que nous déclare Barack Obama après s’être exprimé en compagnie du Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le 24 mars au Rijkmuseum d’Amsterdam. Moi et tous les autres photographes accrédités à la Maison-Blanche pouvons dire exactement la même chose.
Obama est aux Pays-Bas pour participer à une réunion du G7 et à un sommet sur la sécurité nucléaire. Nous arrivons à bord d’Air Force One avec le président dans la matinée du 24 mars. Des hélicoptères nous attendent à l’aéroport d’Amsterdam pour nous emmener jusqu’au musée, dans le centre-ville, où doit avoir lieu une rencontre bilatérale avec Rutte suivie une conférence de presse conjointe.
Le directeur du musée conduit d’abord Obama et Rutte jusqu’au fameux Plakkaat, ou « Abjuration de La Haye », l’acte par lequel les Provinces Unies des Pays-Bas avaient proclamé leur indépendance de l’Espagne en 1581. Puis tous trois se dirigent vers la plus emblématique des œuvres exposées au Rijkmuseum, la Ronde de nuit de Rembrandt. Pendant que Rutte et le directeur expliquent le tableau à Obama, nous nous positionnons de façon à les photographier en gros plan devant la célèbre compagnie de la milice d’Amsterdam commandée par le capitaine Frans Banning Cocq, peinte par Rembrandt en 1642. Une photo parfaite pour situer le président américain en Europe.
Obama et Rutte tiennent ensuite leur réunion bilatérale pendant que nous patientons dans un autre secteur du musée. Lorsque la rencontre s’achève, les deux dirigeants reviennent devant la Ronde de nuit, où deux tribunes ont été installées en vue de la conférence de presse. Nous sommes très loin des habituels arrière-plans ternes des allocutions présidentielles ! Je ne sais pas qui a eu l’idée d’organiser la conférence devant ce magnifique tableau, mais elle est excellente, très stimulante pour nous les photographes. Les visages, les différents plans, les couleurs, les gestes : une fois sur le podium, Obama fait une irruption insolite au milieu de tous ces éléments du 17e siècle.
Il n’y a plus qu’à attendre le moment où le président s’intégrera à La Ronde de nuit d’une façon ou d’une autre, et à le mitrailler à satiété (au total, j’appuierai sur le déclencheur plus de deux cents fois pendant cet événement). Et tout à coup, voilà Obama qui amorce un geste de la main très ressemblant à celui du capitaine Frans Banning Cocq. Je le remarque tout de suite et je réagis au quart de tour. Hourra ! J’ai la photo que je voulais.
Saul Loeb est un des reporters photographes de l'AFP accrédités en permanence à la Maison-Blanche.