Kiev explose
KIEV, 20 févr. 2014 - Le mercredi 19 février au soir, je débarque sur la place Maïdan à Kiev, et je vois tout de suite cette barricade. Une partie de l’édifice est en feu, à cause des cocktails Molotov lancés par les manifestants ou la police.
Je vois des manifestants qui lancent des cocktails Molotov, mais il y en a d’autres qui utilisent ce qui ressemble à des canons bricolés, des sortes de mortiers artisanaux fabriqués avec de longs tubes d’acier.
Le lendemain matin, je tombe sur trois types qui sont en feu, là devant moi. Je ne sais pas comment ils ont commencé à brûler. Des manifestants me disent que la police a lancé des cocktails Molotov, d’autres disent que ce sont les bombes des manifestants… Les policiers fabriquent-ils aussi des engins incendiaires ?
Les flammes sont vite maîtrisées. J’ai l’impression que les manifestants sont habitués à ce genre de situation, personne n’a l’air réellement paniqué. Le gars en arrière-plan de la photo, celui qui est le plus gagné par les flammes, court à l’arrière de la barricade, et plusieurs personnes lui portent secours.
Plus tard dans la matinée, les manifestants continuent de construire des barricades. Je suis coincé avec eux, réfugié derrière l’Hôtel Ukraine, qui est reconverti en hôpital de campagne pour les manifestants blessés. Impossible de bouger, trop dangereux. Des snipers tirent sur la place. On entend siffler les balles.
Ce bruit caractéristique, je le connais de mes reportages à Alep, en pleine guerre civile, dans le nord de la Syrie.
Ici à Kiev, j’ai l’impression qu’on est à mi-chemin entre une guerre et une manif.
Je compte six corps de manifestants autour de moi. Je pense qu’ils ont été tués par balles. Je ne sais pas comment, ni dans quelles circonstances.
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Bülent Kilic est un photographe de l'AFP basé à Istanbul