Le métro de Munich (photo: AFP / Christof Stache)

Dans les plus beaux métros d’Europe

PARIS, 30 novembre 2012 – Je suis rentré à Paris il y a quelques mois après plusieurs années en poste en Amérique du Sud. Je prends le métro parisien tous les matins pour aller travailler. C’est uniforme, sale et déprimant. Les lumières sont particulièrement dures. Les seules couleurs proviennent des affiches publicitaires. En voyageant, je me suis dit que dans d’autres pays du monde, les gens doivent certainement prendre plus de plaisir à emprunter les transports en commun.

Le métro de Moscou, pour ne citer que le plus célèbre, est un véritable musée et il arrive même que des expositions de peinture soient organisées dans les rames. Les gens, en fonction de là où ils habitent, n’ont pas la même approche du métro.J’ai fait des recherches sur internet pour repérer les plus beaux métros d’Europe. J’ai demandé aux photographes en poste dans plusieurs grandes villes européennes de descendre sous terre avec leur appareil. Le cahier des charges était simple : prendre uniquement des vues d’intérieur, dans des stations particulièrement belles. Cela a donné la série que vous avez sous les yeux.

Le métro de Moscou (photo: AFP / Kirill Kudryavtsev)

Le plus connu est bien sûr le métro de Moscou. Les stations ont été conçues dès le début comme des  « palais souterrains » solennels, censés symboliser un « miracle » pour le peuple soviétique, un « miracle technologique » et un « miracle d'art ».  Le métro visait à renforcer le sentiment patriotique et les valeurs esthétiques des Moscovites, conformément à l'idée « Avec la ville, ses habitants se perfectionnent eux aussi »...

Les dirigeants soviétiques ne voulaient surtout pas que le métro de Moscou ressemble au métro occidental, notamment celui de Paris, avec un mauvais éclairage et des murs sales, qualifié de moyen de transport "antisocialiste". Tout en ayant les mêmes fonctions, le métro de Moscou devait par contre incarner le socialisme et promouvoir son image d'une fête éternelle. Les stations devaient parler du passé héroïque, du présent merveilleux et de l'avenir radieux du pays.

Le métro de Moscou (AFP / Kirill Kudryavtsev)

Aujourd'hui, le métro de Moscou et sa beauté sont plus appréciés des touristes étrangers que des Moscovites, qui se plaignent de la surpopulation aux heures de pointe. Aussi déplorable que ce soit, l'image du métro de Moscou est de plus en plus dévalorisée aujourd'hui : beaucoup de gens estimant qu'il n'y a que des pauvres dans le métro, alors que ceux qui gagnent bien leur vie se déplacent en voiture.

Mais il n’y a pas que Moscou. A Kiev, la célèbre station de métro Zoloti Vorota, qui a ouvert en 1989, est à la fois un bel exemple du style en vogue dans les dernières années de l’ère soviétique et s’inspire de l’architecture ukrainienne médiévale.

Le métro de Kiev (photo: AFP / Sergei Supinsky)

Le métro de Stockholm vaut également le déplacement. Non seulement il est propre, sûr et ponctuel, mais pour le prix d’un ticket, on visite un vrai musée avec des sculptures, des mosaïques, des tableaux, des installations… Plus de 150 artistes ont participé à sa décoration.

Le métro de Stockholm (photo: AFP / Jonathan Nackstrand)

Le métro peut devenir un argument touristique à part entière pour une ville. Le site internet du Service des transports publics de Stockholm n’hésite d’ailleurs pas à donner dans la publicité comparative. « Depuis les années 1800, et notamment grâce à August Strindberg, un débat existe quant à la nécessité de rendre l’art public, de le faire sortir des salons », peut-on y lire. « Moscou était très en avance en matière d’art dans le métro, mais c’était pompeux, pas très moderne et consistait essentiellement en décoration architecturale… »

Le métro de Stockholm (photo: AFP / Jonathan Nackstrand)

Mais la plus spectaculaire, à mon goût, est la station Toledo du métro de Naples, en Italie. Elle est l’œuvre de l’architecte espagnol Oscar Tusquets Blanca. On se croirait dans l’espace…

La station Toledo du Métro de Naples (photo: AFP / Mario Laporta)

Les clients photo de l’AFP sont très demandeurs de reportages sur la vie en société. Même si le news reste au cœur du métier, nous avons énormément développé ce type de production. Chaque mois, nous mobilisons notre réseau de photographes pour photographier, à travers le monde, un même thème: le logement, la police, les personnes âgées, les religions… Pour notre dossier de novembre, consacré à l’éducation, nous avons diffusé près de 500 photos prises aux quatre coins de la planète : des universités au Nigeria, un cours de langage des signes en Espagne, une cérémonie de remise des diplômes au Paraguay, une école primaire dans les montagnes du Vietnam…

Nous sommes une des rares agences à pouvoir mobiliser ainsi un réseau mondial de photographes pour travailler ensemble sur un thème pendant une période donnée. C’est aussi une autre manière pour nous de témoigner sur notre époque.

Sylvain Estibal est le coordinateur photo AFP pour l'Europe et l'Afrique. Texte écrit avec Roland de Courson à Paris, Maria Panina à Moscou et Pia Ohlin à Stockholm.

Le métro de Lisbonne (photo: AFP / Miguel Riopa)
Le métro de Varsovie (photo: AFP / Janek Skarzynski)
Sylvain Estibal